blogueurCentro

L’affaire de la grenade finalement classée !

Ils sont finalement venus récupérer leur grenade. Celle que j’ai trimballé 24h durant dans mon sac, et qui est restée 48 h dans un coin de la cour de radio Ndèkè-luka. Les autorités ont des choses plus graves à gérer qu’une simple affaire de grenade glissée dans le sac d’un journaliste.

Le General Kalil, chargé des opérations du démantèlement des barrières illégales érigées par les éléments de la Seleka, a fait lui-même le déplacement à radio Ndek-luka. Il est arrivé quand j’étais en pleine émission. Il aurait voulu me saluer et m’écouter mais comme je travaillais encore il a dû prendre congé en faisant le plus important : débarrasser la radio de la grenade.kalil 2

C’est le rédacteur en Chef qui me raconte à la fin de mon émission : « il a dit que celle qu’on a glissé dans ton sac est une grenade offensive ou d’assaut (il a utilisé les 2 termes dans ses explications) avec une portée de 50 mètres et que si on avait balancé ça juste au portail toute la radio aurait sauté. Donc si elle avait sauté dans ton sac on n’aurait retrouvé rien de toi. »

Ce jour là, le Général Kalil revenait d’une autre intervention : un faux Seleka a été appréhendé avec des grenades et des armes. C’est cette information que nous avons diffusé dans nos journaux. Aujourd’hui, les donnes ont changé, on doit désormais participer aux efforts du gouvernement pour sécuriser le pays au lieu d’entretenir le climat de méfiance et de terreur. J’ai déjà entendu cet argument dans nos réunions : il ne faut pas transformer notre antenne, nos productions et journaux en chroniques des exactions de la Seleka ; il faut éviter de verser dans le sensationnel, nous devons être une rédaction responsable, et éviter de lancer des appels à la haine ou au soulèvement.

faux seleka

On a trouvé des termes pour ne pas frustrer le gouvernement. Quand il y a une exaction, c’est perpétrée par les faux Seleka. On ne parle même plus d’éléments de la Seleka mais d’anciens éléments de la Seleka. Ils font désormais partie des FACA (Forces armées centrafricaine). D’autant que la condition pour avoir de l’aide financière des partenaires demeure la sécurisation du pays.

C’est à peine si on ne vous dit pas: Les pauvres petits Seleka, tout le monde est contre eux.  En dépit de tous les efforts qu’ils consentent pour ramener la sécurité dans le pays. On saute sur les débordements de quelques faux Seleka pour jeter l’opprobre sur tout un mouvement patriotique.

C’est le message qui semble se vulgariser en ce moment. Des efforts ? Oui, tous les jours que le bon Dieu fait les chefs de la coalition, les généraux et colonels débarquent à la radio avec des voleurs, les fameux faux Seleka qu’ils auraient attrapés la main dans le sac en train de braquer de paisibles citoyens. La Seleka est sollicitée pour participer à nos émissions et sensibiliser à la paix, prôner la cohabitation pacifique entre tous les centrafricains. Ils sont devenus les habitués de notre station au point d’inviter certains responsables de la radio à leur mariage. Alors du coup, on y met un-peu de bonne volonté, on regarde par deux fois avant de laisser passer à l’antenne une information les concernant.

seleka à la radio 2

J’ai eu droit à des « Mec t’as eu de la chance de tous les collabos et c’est tout. Tout est bien qui fini bien. »

L’affaire est classée pour tout le monde sauf pour moi.

Dans un pays où personne ne contrôle vraiment ces hommes armés, où hier encore des éléments de la Seleka ont fait irruption dans la paroisse Notre dame d’Afrique en pleine messe du dimanche avec des armes disant qu’ils étaient à la recherche d’un homme. Dans un quartier comme le mien, où tous les petits commerçants d’origine tchadienne et soudanaise ont une arme et se promènent avec en plein jour. Mais si un gendarme est soupçonné d’avoir  encore son arme de service on en fait une affaire d’Etat. Dans un pays où les éléments de la Seleka font la pluie et le beau temps, et sont estimés aujourd’hui entre 10 et 18.000 hommes pas encore désarmés. Je dois désormais faire profile bas ou chercher à entrer dans les bonnes grâces de quelques généraux de la Seleka pour bénéficier de leur protection. Sauf que je suis BlogueurCentro… et j’ai déjà dit beaucoup de choses….


J’ai passé 24h avec la mort dans mon sac !

Je me suis promené toute une journée avec une grenade dans mon sac à dos, j’ai trimballé un explosif dans mon sac sous mon ordinateur plus de 24 h… J’aurais pu sauter en mille morceaux des dizaines de fois pendant tout ce temps. Je tiens à vous faire le récit de ces dernières 24h très éprouvantes pour moi en commençant par le dernier fait :

Hier soir, j’ai fini le travail à 19h00, en ouvrant la fermeture de mon sac à dos pour y glisser mon ordinateur portable, je vois rouler… une grenade de la taille d’une mandarine. J’ai failli m’évanouir, je suis sorti en courant du studio. Avec les collaborateurs nous avons décidé de la poser délicatement dans un coin de la cour de la radio en attendant le matin pour décider de la conduite à tenir.

La veille de cette découverte sur les coups de 8h du matin, une BJ75 bondée de Seleka s’arrête devant notre concession. Je n’y prête pas beaucoup d’attention, j’étais au téléphone, soudain je sens quelqu’un arriver sur moi, m’attraper au collet. On m’a trimballé jusqu’au milieu de la cour où je suis jeté par terre, une arme est pointé sur moi. La femme de mon grand-frère qui sortait de la maison, mon cadet, mon oncle dont la maison est à deux pas, et qui venait s’enquérir de la situation avec sa fille, subirent le même sort. Allongés à même le sol on avait des armes pointées sur nous. C’est à ce moment qu’ils ont amené mon grand-frère les mains ligotées avec une corde. Il fut jeté au sol avec nous.
Tout le quartier guettait la scène depuis la ruelle qui passe devant notre maison. Les Seleka sont rentrés dans la grande maison, celle où habite mon grand-frère et sont sortis avec son sac couleur militaire, son ranger, un chargeur d’AK47, un manteau imperméable militaire. Tout ce qu’il y a de plus normal à retrouver chez un commando de la gendarmerie.

Ils sont entrés chez moi, juste en face de la maison de mon grand-frère. Allongé, je pouvais voir un Seleka prendre mon disque dur externe et le mettre dans l’une des poches de sa tenue. Il a jeté par terre tous les livres sur la table, prit le sac contenant mon ordinateur portable, s’est arrêté un instant devant la télé puis est entré dans ma chambre quelques minutes avant de ressortir. Plus tard, j’ai remarqué qu’il avait empoché également les 42.000 frs Cfa (environ 60 euro) que j’avais déposé sur le coffret de mon lit.

Notre plus proche voisine a aussi eu droit au pillage de sa maison: quelques petits objets emportés et la somme de 10.000 Frs Cfa. Mon oncle a carrément eu droit à une fouille de ses poches et de sa valise, ils lui ont prit tout l’argent qu’il avait sur lui (35.000 frs CFA).

J’essayais dans un premier temps de parler avec leur chef, mais il ne parlait qu’arabe et brandissait méchamment son pistolet automatique. Un seul parlait sango et disait à ma mère que les voisins sont allés prévenir de se calmer (elle habite à 300 mètres de chez nous et arrivait en criant, s’arrachant les cheveux), que ce n’était rien de grave… C’est lui qui calmait ses amis, je ne comprenais rien à ce qu’ils se disaient en arabe. Dix minutes plus tard, ils ont jeté mon grand-frère dans le véhicule. Ma mère pleurait tellement que toutes les femmes du quartier sont intervenues. Et celui qui parlait sango leur a dit qu’ils faisaient juste une enquête, et qu’ils le relâcheraient après.

« Mais lui c’est un journaliste de radio Ndèkè-luka, pourquoi vous emportez ses effets dans ce cas ! », criaient les femmes. Celui qui parlait sango a dit quelques mots en arabe à leur chef, qui intimait un ordre. Mon sac, déjà dans le véhicule, est alors jeté par terre. C’est une femme qui l’a ramassé pour me le rendre. Je l’ai laissé chez moi, refermé ma porte pour aller à la recherche de mon frère. Nous avons d’abord fait un tour à la radio pour que mon oncle témoigne des faits, ensuite on a fait le tour des bases militaires. C’est vers 13h que nous l’avons finalement trouvé à la base RDOT. Pas précisément ici, il y a une autre maison lugubre derrière la base qu’ils appellent la base s’en fout la mort. « On ne garde pas quelqu’un très longtemps là-bas, faites tout ce qu’ils vous demandent le plus tôt possible si vous tenez à la vie de votre frère », me conseille un Seleka centrafricain.

J’ai appelé tous les numéros que je connaissais : La FOMAC, les Généraux de la Seleka, mon oncle a eu le Chef d’état major au téléphone. Finalement, vers 14h, sur l’intervention de tout ce monde, ils ont décidé de l’emmener à la gendarmerie pour nécessité d’enquête.

J’ai une autre pression sur les épaules : mes proches ne comprennent pas que moi qui suis personnel de radio Ndèkè-luka, la seule radio qui ose dénoncer les exactions de la Seleka, je ne leur règle pas leurs compte. Ils ne comprennent pas que la radio n’est pas faite pour des règlements de compte personnels et que je suis d’abord journaliste. Mon travail est de relater les faits et de m’en tenir à cela. Et même si je peux me permettre des analyses sur mon blog, je veux rester le plus professionnel et le plus objectif possible.

Le 23 mars 2013, la veille de la prise du pouvoir par la coalition Seleka,  mon frère enturbanné de munitions avec des armes avait fière allure dans le véhicule de la gendarmerie qui est passé le déposer à la maison pour prendre quelques effets.
La nuit du 23 mars, il n’est pas rentré à la maison, il a appelé sa femme pour lui dire qu’ils étaient en train de fuir, que les Seleka étaient entrés dans Bangui. Commando de la gendarmerie, il était là quand il y avait les arrestations des Seleka infiltrés à Bangui sous le régime Bozize. Règlements de compte ? Mon frère est-il trafiquant d’armes ? Nostalgique de Bozizé qui fait tout pour le retour de ce dernier ? Est-il tombé dans un piège qu’on lui a tendu ? Je n’ai pas la réponse à toutes ces questions.

Je sais juste que cet après-midi, une collaboratrice de radio Ndèkè-luka est allée recueillir la version des enquêteurs. Là, elle a purement et simplement été menacée et traitée de menteuse faisant partie d’une radio de menteurs qui ne vérifient pas les informations avant de les diffuser. On lui a montré deux kalachnikovs que mon frère aurait vendues. Mais la Seleka s’interdit toutes déclarations pour le moment vu que l’enquête poursuit son cours…

Cette grenade était-elle glissée expressément dans mon sac ? Dans quel but ? L’élément de la Seleka qui a mis mon sac dans le véhicule avant d’être contraint de le jeter par terre avait simplement par mégarde oublié sa grenade dans mon sac ? Difficile à croire…

Je termine mon dernier billet en disant qu’il vaut mieux ne pas se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Le mauvais endroit c’est finalement chez moi. Depuis hier je ne dors pas à la maison… Mais cela change-t-il quelque chose, il n’y a plus un endroit sûr en Centrafrique. Particulièrement quand la Seleka s’intéresse à vous…


S.O.S : On extermine les centrafricains !

30 avril 2013 à Bangui: Le Ministre de la Justice Arsene Sendé a instruit le procureur Général de la cour d’Appel de Bangui d’ouvrir une procédure judiciaire sur les crimes et autres exactions commis sous le régime de l’ancien Président François Bozize… La fin de l’impunité en Centrafrique ? Faux ! Les centrafricains ne sont pas sortis de l’auberge.

Depuis le changement du 24 Mars 2013, il ne se passe pas un jour sans qu’une personne ne soit tuée en Centrafrique. Cependant, en dehors de la mise en garde de la Procureure générale de la Cour Pénale Internationale, ces exactions ne semblent préoccuper aucune juridiction tant nationale qu’internationale.

Dans le meilleur des cas, les nouvelles autorités de Centrafrique daignent donner une version officielle des faits dont tout le monde se contente. Ils cautionnent tous la mort d’innocents centrafricains. Un silence complice encourage les exactions et l’impunité augmente la frustration des victimes. Je vous fais juste le récit de quelques faits pour illustrer ces propos :

J’animais à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse 2013 une émission avec de jeunes journalistes centrafricains sur le thème « Parler sans crainte… »

Mes invités étaient : Hypolite Donossio journaliste, membre du Réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme et Correspondant de RFI à Bangui. Jesus yves Ganazoui Directeur de publication du quotidien Les dernières nouvelles. Et Jean Fernand Koéna journaliste au quotidien Centrafrique matin.
Écoutons ce dernier :

« (…) Je suis journaliste, je vis à Boy-Rabé dans le 4e arrondissement de Bangui. Le Dimanche 14 Avril très tôt le matin les éléments de la Seleka ont bouclé mon quartier, ils ont pillé des maisons, tué des gens et se sont livrés à des exactions de toutes sortes.

Pour le gouvernement c’était une opération de désarmement parce que des images horribles de cette descente de la Seleka ont circulé sur le web. Pour se blanchir devant l’opinion internationale la Seleka parle de désarmement. Mais pour moi qui suis témoin oculaire et qui ai vécu cet événement, ce n’en était pas un et quand j’écris ce que j’ai vu on me taxe d’être contre le régime en place et je fais objet de menaces… »

Comparons ensuite ce témoignage au récit du double homicide commis ce même dimanche 14 Avril 2013 au quartier Boy-Rabé. Témoignage recueilli par le Réseau National des ONG de Jeunesse en Droits de l’homme. Ces faits sont relatés par TOKO Faustin, le mari de la femme et père de la fillette, toutes deux tuées ce jour :

« Il était environ 10 heures du matin, nous nous étions enfermés moi, ma femme (POUNIKAKOLA Sandrine) et notre petite fille (TOKO Darine). Nous écoutions des coups de feu se rapprocher de notre maison. Peu après nous avons écouté une voix qui criait « dis-nous Simplice où se trouve la maison ? », et quelques instants plus tard on a constaté que les tirs étaient orientés sur le mur de notre maison, soudain juste derrière la porte on entendait « SIGUI » (sortez)  en ce même moment ils défoncèrent la porte.  Ma femme s’est levée avec notre fillette qui était sur ses genoux pour tenter de leur parler c’est en ce moment qu’un des éléments a tiré à bout portant sur elle et le bébé ; elles tombèrent raide mortes. Le bébé a reçu une balle dans la tête et sa mère quatre balles dont une à la tête et les trois autres dans la poitrine.

Trois autres éléments de la Séléka sont rentrés dans la maison, me tombaient dessus et commençaient à me tabasser (des coups de pieds avec des rangers à la poitrine, à la tête et des coups de cross d’arme). Ils me demandaient « où se trouvait le camion dont je suis le chauffeur » je leur répondis « à coté de la Maison Dorcas (ONG religieuse) qui se situait à peu près à trois (3) kilomètrent de chez nous » Ils m’ont traîné dehors, deux autres Seleka attendaient. Ils m’ont dit de les conduire là où se trouvait le camion.

Alors nous avons marché plus de trente (30) minutes avec des coups et menaces de mort bien sûr. Arrivés sur les lieux ils me dirent « si tu ne démarres pas ce camion, on va te tuer » ; étant le chauffeur du camion je l’ai démarré. Trois des cinq éléments sont montés dans le camion et me demandèrent de les conduire au quartier KM5 situé dans le 3ième arrondissement. Arrivés au KM5 aussitôt ils ont fait appel à un de leurs éléments qui pouvait conduire le camion et ils l’emportèrent loin pendant ce temps je suis resté avec les autres éléments de la Séléka jusqu’a ce que ceux qui ont amené le camion reviennent à bord d’un taxi course. Ils ont demandé au taximan de me ramener chez moi et eux sont partis à bord d’un véhicule pickup teinté.

A peine rentré nous avions enseveli ma fillette à coté de la maison familiale et sa mère le samedi 20 Avril 2013 au cimetière familial au village PATA  PK 60 route de Damara.

Je suis sûr de pouvoir reconnaître ces éléments de la Séléka qui ont tué ma femme et ma fillette.

Le mardi 23 Avril 2013 mon superviseur après des enquêtes s’est rendu là où était caché le camion avec une somme d’argent pour tenter de négocier et le récupérer. Malheureusement, il fut tabassé par les éléments de la Séléka sur place et celui qui a tué ma  femme et ma fillette lui a dit « je n’ai pas tué cette femme et cette enfant pour rien, je ne rendrai pas le camion ». Finalement, il  perdit les sous et est rentré sans le véhicule.

Hier, 19 Mai, dans la ville de Bouca, des hommes de la Seleka qui ne parlent ni français ni sango passent de maison en maison pour piller la population. L’un d’eux a violé une fillette de 13 ans et tous les habitants ont fui dans la brousse. Avant-hier un jeune qui pratique la lutte traditionnelle du nom de Maître John a été tué par des éléments de la Seleka au quartier Combattant dans le 8e arrondissement de Bangui. Le 16 Mai dans ce même quartier un autre jeune connu sous le sobriquet d’Eric Bawin a été enlevé puis assassiné la nuit.

On pourrait écrire un livre de plus d’un millier de pages sur les exactions de la Seleka. D’anciens détenus, voyous, rebelles sans foi ni loi qui sont aujourd’hui à la fois policiers, gendarmes, douaniers. Avec des armes entre les mains et sous l’œil couvert de la loi, ils se livrent tranquillement à des exactions sur la population civile.

Faudra t-il attendre un nouveau changement de régime pour qu’on demande l’ouverture d’une enquête sur ces crimes ?

En attendant, il faut juste prier pour ne pas se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. Car désormais la Seleka tue au moins une personne par jour. Et pour nous autres dont le boulot est de relater ces faits, c’est presque de la témérité, de la folie que de continuer à faire notre travail… Mais bon ce qui est sûr, c’est que même ceux qui ne font pas mon boulot, leur vie ne tient qu’à un fil dans ce bled qui hésite entre film horreur et apocalypse…

Dans un pays normal, on ouvrirait une enquête pour un vol à main armée, un kidnapping, un meurtre, un viol. Pourtant tous les jours que le bon Dieu fait toutes ces choses se passent en Centrafrique sans que personne ne s’en offusque.


Ils sont journalistes et homophobes…

1Bangos

« L’homophobie en Centrafrique. » C’est le thème dont j’aurais pu débattre dans mon émission d’hier histoire de coller à l’actualité, aujourd’hui étant la journée internationale contre l’homophobie.

Mais à quoi bon tenter de convaincre une nouvelle fois la rédaction de retenir ce sujet dans l’une des émissions phares de la radio ? D’autant qu’il y’a quelques semaines à l’arrière, ils l’avaient déjà purement et simplement brocardé. Incroyable mais vrai, je me suis buté au rejet catégorique de ce sujet par presque l’ensemble des confrères pendant la conférence de production. Je n’aurais jamais cru que des journalistes éclairés puissent s’opposer farouchement à un débat citoyen et démocratique.

J’ai beau parler de la question du mariage pour tous,  rien n’y fait… Pourtant, le sujet fait partie des grands débats de l’heure dans le monde entier et par conséquent, il faut débattre de cette question de l’homophobie qui demeure encore aujourd’hui dans la tête du centrafricain une attitude normale envers des personnes qu’ils considèrent comme des déviants.

L’homophobie ? C’est quelque-chose qui n’existe pas en Afrique, encore moins en Centrafrique : c’est simplement  une bêtise des blancs pour normaliser une pratique honteuse rejetée par notre culture africaine. C’est un débat de blancs, nos sociétés africaines n’ont pas la même connotation que les sociétés occidentales. Ce serait encourager l’homosexualité affirment les uns, il ne faut pas entrer dans ce jeu renchérissent les autres.

– Mais vous et moi savons qu’il existe des homosexuels en Centrafrique !

– Oui, mais ce n’est pas à nous de sensibiliser la population à trouver normale cette déviance. On a des responsabilités aussi dans l’exercice de notre métier.

– Notre responsabilité est justement d’ouvrir le débat sur la question, c’est en permettant à chacun de donner son point de vue dans le respect de l’autre qu’on fera notre boulot…

– Johnny, reviens sur terre !, me dit carrément un confrère dont je tairais le nom.

Il s’est évertué pendant cinq minutes à expliquer comment les Occidentaux sont en train d’imposer au reste de la planète l’homosexualité, il m’apprend que les bailleurs qui financent par exemple les ONG comme l’Association Centrafricaine pour le Bien-être Familial instruisent désormais ces associations d’instaurer la prise en charge des homosexuels dans leurs programmes pour continuer à bénéficier des financements. « Après l’homosexualité ce sera quoi ? La zoophilie qu’ils vont vouloir nous faire accepter ? » Je me défend :

– Pensez ce que vous voulez, moi en tout cas tout ce que je voulais c’était donner la possibilité à notre audimat de s’exprimer sur un débat qui fait couler de l’encre partout sur la planète.

-Finalement ils ont décidé que ce n’est pas parce que les Occidentaux sont en train d’imposer leurs pensées au reste de la planète que nous devons suivre aveuglement. Débattre de ce sujet serait normaliser l’homosexualité.

Seul contre tous, j’ai dû arrêter d’insister, d’autant que même la rédaction en Chef semblait leur donner raison.

Quoique non explicitement incriminé dans le code pénal, l’homosexualité est tellement mal vue en Centrafrique que si deux personnes du même sexe sont surprises en train de se faire des câlins, ils deviendront la risée du bled, stigmatisées, maltraitées et souvent même conduites dans un poste de police avant que cette dernière ne les libère contre une petite amende.

Discuter de l’homophobie ne veut pas dire sensibiliser la population à la pratique de l’homosexualité, encore moins être pour le mariage gay. Eviter le débat sur l’homophobie ne résout pas le problème de l’homosexualité qui est une réalité, même en Centrafrique.

Nous vivons dans une société constituée de religieux, d’athées, d’hétérosexuels et d’homosexuels etc. Montrer de l’animosité envers une frange de cette population et la discriminer sur la base de sa sexualité est tout simplement de l’intolérance. En tout cas, les auditeurs de mon émission ne pourront pas discuter de l’homophobie, juste parce que les journalistes de ma rédaction ne supportent pas d’entendre le mot homophobie…


Panorama des acteurs de la crise centrafricaine !

Voilà un mois déjà que le Général  François Bozizé est chassé du pouvoir. Un mois que le nouvel homme fort de Centrafrique Michel Djotodja Amnon Droko est aux commandes. Un mois que les centrafricains vivent l’une des périodes les plus sombres de leur histoire. Enfin un mois que la Séléka défraie la chronique des affaires criminelles. Essayons de considérer chaque acteur de la crise en vue de faire le point sur la situation qui prévaut actuellement en Centrafrique.

Commençons par celui qui a choisi la même destination qu’Ange Félix Patassé qu’il a chassé du pouvoir le 15 mars 2003. Depuis sa fuite au Cameroun le 24 mars 2013, François Bozizé multiplie les déclarations, poussant l’outrecuidance jusqu’à déclarer qu’il ne se reproche rien de ce qui se passe en Centrafrique. Cependant s’il y’a quelqu’un qui a fait du mal aux Centrafricains c’est bien François Bozizé. Ne remontons pas plus loin qu’en 2003, c’est lui qui a amené les Zakawa tchadiens en Centrafrique pour l’aider à prendre le pouvoir. Au lieu de payer ces mercenaires et débarrasser la RCA de ces desperados à la gâchette facile, il les conserve, en incorpore bon nombre dans l’armée. Sa garde rapprochée était constituée de ces éléments qui ont longtemps guerroyé au Tchad voisin.

En dix ans, il n’a jamais tenu sa promesse de la restructuration de l’armée. En dix ans, il n’a jamais réussi à former une armée républicaine. Il s’est contenté de protéger son fauteuil par des forces étrangères et ne soufflait mot quand sa garde prétorienne commettait des exactions sur la population civile. Bozizé, qui aujourd’hui accuse la Séléka d’être constituée d’étrangers qui veulent annexer la RCA, était le premier a les amener en Centrafrique, à défendre et officialiser leur présence sur le sol centrafricain. Son fils déclarait même un jour qu’il y a des Centrafricains qui se croient plus Centrafricains que d’autres pour s’en prendre à ceux qui se plaignaient des exactions de ces barbares. La RCA a reçu huit milliards pour le programme « Désarmement, Démobilisation et Réinsertion ». Bozizé a dépensé cet argent sans désarmer les factions rebelles. Ce général d’opérette a commencé à réagir seulement quand la Séléka était à la porte de Bangui et quand son fauteuil a été menacé. Et même jusque-là, il avait encore la possibilité d’éviter à la RCA le K.O qu’elle connait en ce moment en respectant à la lettre les accords de Libreville au lieu d’écouter ses griots et former un gouvernement bis. Tel est prit qui croyait prendre. Il aurait même pu démissionner et permettre une transition démocratique débouchant sur des élections anticipées, mais non il a choisi l’affrontement. Au finish, lui s’en sort avec sa famille et les pauvres innocents payent pour ses frasques.

Passons au successeur de Bozizé, Michel Djotodja Amnon Droko. Jusqu’à dernièrement il passait à coup sûr inaperçu au milieu d’une foule à Bangui. Comme Bozizé, il a longtemps fantasmé à propos du fauteuil présidentiel. Pour sortir de l’anonymat et réaliser ce rêve, il choisit la rébellion. Il débarque à Bangui sans feuille de route, sans savoir ce qu’il faut faire. Il ne contrôle pas la coalition qui l’a porté au pouvoir. Au sein même de cette coalition, il a un problème de légitimité.
La Séléka est constituée de toute la racaille qu’on pouvait trouver en Centrafrique, au Tchad en passant par le Soudan. Des factions rebelles qui ont leurs propres chefs et qui n’obéissent qu’à ces derniers. Djotodja n’a pas un rond, pas un centime,  il attend l’aide de la Communauté internationale pour payer ses soldats et les fonctionnaires qui vont enregistrer deux mois d’arriérés de salaire cette fin de mois. En attendant il ne peut pas les désarmer, ni les cantonner. Il joue des coudes pour prouver à l’opinion nationale et internationale qu’il existe des milices à Bangui et que la Séléka n’est pas la seule responsable des crimes, pillages et autres exactions perpétrées sur la population centrafricaine. Seulement, la majorité des pillages se font en plein jour: les objets sont emportés dans les véhicules confisqués par la Séléka, les objets volés déchargés dans les concessions habités par la Séléka.

Le désarmement prétexté pour piller à Boy-Rabe, qui s’est soldé par des affrontements entre la population et la Séléka, était organisé par la Séléka elle-même. Et si ces habitants courageux étaient des milices avec des armes automatiques, ils n’auraient pas attendu que la FOMAC désarme deux éléments de la Séléka avant de s’attaquer à eux. L’archevêque de Bangui s’est indigné des pillages dans un orphelinat, l’Union des Eglises Évangéliques des Frères a écrit une lettre ouverte à Michel Djotodja, dans laquelle elle déplore les exactions sur la population et particulièrement les chrétiens un mois après son putsch.
La roquette tirée sur une église, tombée sur un terrain de football et blessant des enfants, sont les faits des rebelles qu’Amnon Droko n’arrive pas à contrôler. Il est prit en otage par ses propres éléments, il sait qu’il risque la Cour Pénale Internationale. Alors il fait des sorties comme celle de ce samedi 27 avril pour montrer aux journalistes 75 armes automatiques qu’il aurait trouvé entre les mains de milices. Sic ! Monsieur Dotodja n’est pas au courant que toutes les poudrières et armureries de Bangui ont été détruites à son arrivée, que toutes les prisons depuis les villes de l’arrière-pays qu’il a conquise jusqu’à Bangui sont détruites, qu’ici même à Bangui des gens de moralité douteuses ont intégré la Séléka et qu’il y a plus d’armes à Bangui que de poisson dans l’Oubangui ?

Venons-en à la classe politique centrafricaine. Tous ceux qui constituent aujourd’hui le CNT (Conseil National de transition), ou le gouvernement, étaient soit des opposants au régime de Bozizé, soit des membres de la société civile. Du coup, personne ne fait plus de déclaration, plus de dénonciation quand il y a exaction sur la population. Seuls ceux qui n’ont pas été associés au CNT ont des mouvements d’humeur… Pour avoir des représentants dans le CNT. C’est aujourd’hui que certains centrafricains comprennent, cela a toujours été une histoire d’intérêts égoïstes, leur bien-être a toujours été le cadet des soucis de tout ce beau monde. Ils jouent tous la carte du politiquement correct, d’autres se voient déjà Président de la République après la transition. Ils n’offensent personne, ne condamnent pas les exactions de la Séléka et corroborent la thèse des milices de Bozizé. Nous avons déjà consacré un billet à la classe politique centrafricaine dans notre précédent post.

La Séléka…Une coalition infernale composée de tout sauf de rien. Les nouveaux maîtres de Bangui n’y vont pas de main morte pour  prouver à qui l’aurait oublié que c’est désormais eux qui commandent. Il ne se passe pas un jour sans que quelqu’un ne meurt, qu’il ne se produise un accident de circulation, que quelqu’un se fasse passer à tabac par le fait des éléments de la Séléka. Ils sont soit d’anciens éléments du Général rebelle tchadien, Baba Ladé, soit des éléments de l’UFDR (les rebelles de l’ethnie Goula, l’ethnie de Michel Djotodja), soit des éléments de la CPJP (constituée des Roungas qui se battaient avec les Goula de Djotodja), soit des Soudanais, des braconniers, coupeurs de routes. Des commerçants tchadiens, des délinquants et quelques anciens militaires.
Il faut vivre en Centrafrique pour comprendre toute la terreur qu’inspirent ces hommes. Pillages, vols, viols, séquestrations. Leurs exactions dépassent celles des Banyamouléngué et des libérateurs Zakawas réunis. Cela dure depuis un mois à Bangui, plus d’un mois à Damara, un peu plus à Sibut, et plus longtemps encore dans les zones qu’ils ont occupées au départ.

Enfin les Centrafricains. Fatigués de mourir en silence, certains se fâchent, s’attaquent même aux Séléka juste avec des cailloux. C’est le cas des habitants de la ville de Yaloké, qui se sont révoltés contre la faction soudanaise de la rébellion qui tue, vole, viole et se transforme en braconniers tuant en deux semaines 45 éléphants dans l’espace protégé de la région.
Une réunion s’est tenue entre les notables de la ville et les chefs de la Séléka pour éviter le pire parce qu’un habitant de Yaloké a déclaré sur les antennes de Ndeke-luka :

« Vu que les habitants sont abandonnés par les nouvelles autorités, ils vont mourir en se protégeant eux-mêmes des Séléka ».

Une vraie déclaration de guerre venant de simples paysans. Mis à part ces cas isolés de résistance, et quelques milliers de Centrafricains qui ont marché en France pour protester contre les exactions de la Séléka, il ne faut pas rêver. « Il n’y’aura jamais de printemps centrafricain», me dit un compatriote.

Oui, tu peux soudoyer et réunir des milliers de personnes pour faire une marche de soutien à un tyran mais tu n’en trouveras pas cent pour marcher et exiger une alternance démocratique. Les accords politiques se font et se défont, les alliances se créent et se disloquent, le peuple centrafricain s’enfonce toujours dans l’extrême pauvreté. Les Centrafricains sont toujours le dindon de la farce. Ce peuple n’est pas maître de son destin, et il n’est pas prêt de le devenir. Comment réunir les Centrafricains de tous les coins du monde en un jour à une même heure pour manifester et dire « y’en a marre » ? Allez savoir…


L’agonie d’une nation et le silence coupable des mangeurs…

On ne parle pas la bouche pleine. Les centrafricains ont compris mieux que n’importe quel peuple au monde le sens de cette discipline qu’essayent d’inculquer toutes les mamans à leurs rejetons. Les centrafricains ne parlent jamais la bouche pleine.

Le gâteau est partagé, et tout le monde ou presque a eu sa part.  Le pouvoir du nouvel homme fort de Bangui est finalement légitimé ce 13 Avril par le vote par acclamation du Conseil National de la Transition. Les représentants de la société civile qui contestaient la composition du CST y siègent désormais. Les organisations de défense des droits de l’homme et les confessions religieuses sont aux affaires. Qui peut ouvrir la bouche pour dénoncer les exactions perpétrées sur le peuple centrafricain ?

Depuis trois jours les exactions ont prit une tournure inimaginable. Certains quartiers de Bangui (Boy-rabé et Ouango) sont transformés en champs de bataille. Pour le Ministre Moussa Dafhane, c’est François Bozizé qui a distribué les armes à la population et ses éléments ont commencé le pillage bien avant l’entrée de la Seleka à Bangui. Ce qui voudrait dire que la Prado de radio Ndeke-luka et les centaines d’autres véhicules que la Seleka circule avec, les hommes armés jusqu’aux dents qui pillent et vont se garer à l’hôtel Plazza où se trouve Michel Djotodja sont en réalité des partisans de Bozizé ? On accuse la Seleka pour rien ? Tout ce que le nouvel homme fort de Bangui demande à la population c’est de se calmer, de ne pas fuir. La Seleka n’est pas contre elle. C’est vrai en plus, la Seleka n’en a qu’après les biens de la population qu’ils veulent continuer à dépouiller sans qu’on leur résiste. Ils méritent au-moins ça non ? On est censé comprendre que c’est toujours la faute de Bozizé si nos parents tombent encore sous les balles perdues près d’un mois après le coup d’état ?

Le Ministre Gazam-Beti, porte-parole de la Seleka a beau déclarer solennellement une semaine après le putsch du 24 Mars 2013 que  plus un seul coup de feu ne sera entendu dès ce jour à partir de 18h. Pour signifier clairement à la population qui reste le maître, les éléments de la Seleka ont tiré en l’air toute cette nuit et jusqu’aujourd’hui. Les nouvelles autorités du pays ont beau demander aux travailleurs de reprendre le travail, ce sont les éléments de la Seleka qui continuent de faire la navette avec des véhicules lourdement armés en tirant en l’air et en braquant les civils.

Et quand la population essaie de dire non, « arrêtez de nous prendre notre strict nécessaire », elle est prise pour cible.

Et il ne se trouve personne, personne parmi ces mangeurs patentés pour ouvrir la bouche et dénoncer. Quant aux nouvelles autorités de Bangui, elles nous ont habituées aux déclarations stériles mais sur le terrain leurs éléments n’en font qu’à leur tête. Et la communauté internationale semble ne pas être au courant de tous ces crimes.

La population est dans la terreur mais eux ils mangent tous la conscience tranquille en fermant les yeux sur les meurtres. Ils mangent le butin de guerre, le sang, la sueur et la souffrance du peuple centrafricain. C’est une bande de mangeurs qui n’aboient que quand ils n’ont pas leur part du gâteau ou uniquement quand ils estiment que les miettes qui tombent de la table ne suffisent pas à les rassasier. Ils font un boucan de tous les diables pour être invités à la table, et quand ils s’y asseyent ils n’ont d’autres préoccupations que de s’empiffrer, de s’en mettre plein l’estomac. Cette bande de braillards ne gueule que quand elle a faim, une fois invitée à la table, leurs parents ont beau pousser des cris d’agonie, ils n’entendent rien, tellement occupés à se goinfrer comme des porcelets qu’on engraisse. Il n’y’a que leur ventre qui compte. Dieu, à quel saint ce peuple pourra t-il se vouer ?


Un blogueur centrafricain à Dakar

La Corniche de Dakar par BlogueurCentro
La Corniche de Dakar par BlogueurCentro

Sur quel sujet pourrait écrire un blogueur centrafricain qui débarque à Dakar avec l’impression de l’avoir échappé belle ? Les détonations me poursuivaient jusqu’à l’entrée de l’avion qui devait m’emmener à Dakar. Bangui ma ville natale s’est tout simplement transformée en jungle. Les pillages, les braquages, les assassinats sont devenus le quotidien des pauvres Banguissois. J’avais le sentiment de fuir le far-west pour un havre de paix. Oui, Dakar est pour moi un havre de paix.

Ni ses routes, ni ses tunnels, encore moins ses immeubles qui trônent dans le ciel faisant d’elle l’une des capitales les plus modernes de l’Afrique ne retiennent mon attention autant que son calme et sa quiétude. Depuis 4 jours que je suis ici je n’ai pas entendu un seul coup de feu. Alors qu’à Bangui et dans toute la Centrafrique, l’exercice favori des éléments de la Seleka, (la coalition rebelle qui a porté au pouvoir le nouvel homme fort de Bangui, Michel Djotodja Amnon Ndroko) consiste à tirer en l’air à l’arme automatique du matin au soir, et du soir au matin.

Dakar et Bangui, c’est le jour et la nuit. Voilà plus de vingt ans déjà que mon pays fait du sur place et le changement s’est une fois de plus opéré par un coup d’état. Y’en a marre de la RCA, des coups d’état, des coups de feu, des pillages de la Seleka… Le centrafricain lambda que je suis en a marre… Y’en a marre ?!? Mais oui !!! Les Sénégalais avaient aussi dans un passé récent poussé ce cri… Pourquoi chez eux cela s’est passé plutôt bien et l’alternance a été démocratique ce qui permet aujourd’hui aux Dakarois de vivre dans cette paix que je leur convoite ?

J’ai trouvé la réponse dans cette chanson d’Ismael Lo artiste musicien Sénégalais : « Ce que tu n’as pas défendu par les armes, ne crois pas le garder avec des larmes » Bangui et Dakar, deux capitales africaines, naguère deux contextes presque similaires. Comme Maitre Abdoulaye wade le désormais ancien président du Centrafrique François Bozize avait eu la tentation de modifier la constitution pour s’éterniser au pouvoir. Tous les deux ont fini par quitter le fauteuil présidentiel. Le premier suite à une élection libre et transparente, laissant un pays émergeant qui s’affirme comme l’une des plus grandes démocraties de l’Afrique. Le second est chassé du pouvoir par les armes, contraint à l’exil, il laisse derrière lui un pays pillé, détruit.

N’y’a-t-il qu’un Sénégalais pour comprendre ce que dit un Sénégalais ?

En tout cas les armes avec lesquelles il faut défendre ce qu’on ne peut garder avec les larmes sont tout sauf les AK 47 de la Seleka. Sinon Dakar ne serait pas cette ville paradisiaque qui me fascine mais aurait été transformée en No man’s land comme Bangui d’où je viens.

Pour comprendre le combat de ces sénégalais et les armes avec lesquelles ils ont défendu les institutions de leur belle république, je suis allé à la rencontre des Dakarois…Il me fallait coûte que coûte m’imprégner de l’expérience qui a fonctionné ici et voir si on peut l’adapter chez moi. Peut-être ainsi on pourra éviter à notre pays un énième coup d’état. Il me fallait des témoins qui puissent nous raconter la chose.

Me voilà parti dans les rues de Dakar. Première destination, la Radio Télévision Sénégalaise. René un journaliste de la Radio Télévision Sénégalaise me conseillait de me rapprocher des rappeurs « à la base ce sont eux qui ont lancé le mouvement « y’en a marre. »

Bachir un jeune musicien du groupe I-Science que j’ai rencontré au centre culturel petite pierre a vu le mouvement y’en a marre grandir. Voici son témoignage : Au départ c’était les grands là Fadel, d’autres comme Gaston etc. ceux qui étaient les véritables activistes et qui étaient sur le terrain, qui mobilisaient les gens à-travers des concerts, et qui s’exposaient carrément. Et nous autres qui derrière à travers les « sons » dénoncions les choses. On avait pleins d’activités, les vendredis du slam par exemple. Puis le mouvement a prit de l’ampleur et a été suivi par la masse. Les gens ont compris qu’il fallait un changement et tout le monde s’y est mis. Chacun dans la mesure de ses possibilités et ses domaines d’activités participait au mouvement et ça a donné ce que vous savez. »

Il m’a mis l’eau à la bouche et je voulais aller plus loin. Mon carnet d’adresse se remplit de contacts. Je discute au téléphone avec Fadel le Coordonnateur de y’en a marre. J’ai le mail de Dj Awadi, les numéros de téléphone d’Ali Béta, et de Kayo activiste d’ « une saison de révolte. » C’est là que je me suis rendu compte de l’ampleur du mouvement, même les blogueurs se sont emparés de la chose me confiait Cheir Fall. Nous avons dit-il lancé Sunu 2012, alimenté des tweets citoyens, poussé les politiciens à mettre leur projets politiques sur cette plateforme en sorte que les citoyens les votent à base de leurs programmes politiques plutôt que sur la base de fanatisme.

Ils sont même arrivés à contaminer mes compatriotes, la diaspora centrafricaine de Dakar. C’est ici qu’est né un mouvement presque similaire à y’en a marre. « Touche pas à ma constitution » est un collectif d’étudiants centrafricains qui voulaient dissuader l’ancien Président Bozizé de son intention de modifier la constitution pour briguer un troisième mandat. Je suis allé les rencontrer dans le hall de la faculté de médecine de l’Université Cheick Anta Diop.

Nous nous sommes inspiré disent-ils de y’en a marre, des M23 et du printemps arabe. On s’est dit qu’il ne fallait pas rester les bras croisés et qu’on pouvait faire quelque-chose pour notre pays.

A la question de savoir s’ils ont le sentiment d’avoir échoué, ils répondent en chœur Non, le combat continue. Il faut que les nouvelles autorités de Bangui fassent tout pour qu’il y’ait très vite un retour à l’ordre constitutionnel. Nous restons vigilants pour que les choses se passent normalement, les centrafricains souffrent beaucoup, ça ne peut pas continuer comme cela. Nous lançons également un appel à la communauté internationale de ne pas sanctionner tout un peuple du fait de ses nouvelles autorités.

Je repars nostalgique de mon entretien avec le collectif « Touche pas à ma constitution » Dakar est finalement une ville très sage pour moi, presque parfaite. Je viens de Centrafrique, un pays situé en plein cœur de l’Afrique où il ne se passe pas un jour sans qu’un innocent ne meure d’une balle perdue. Où les coups d’état sont érigés en mode d’accès à la magistrature suprême de l’état. Et chaque avion qui s’envole, quelque-soit sa destination est comme une fuite de l’enfer vers le paradis.


Trois astuces infaillibles pour s’en sortir en Centrafrique

En Centrafrique il y’a ceux qui crèvent de faim et ceux qui sont conviés à la table du roi. Comment donc tirer votre épingle du jeu ? Élémentaire, si vous avez le sens de l’observation vous comprendriez que ce n’est pas aussi difficile que cela de vous tailler votre part du gâteau…Voici quelques astuces qui vous aideront à vous en sortir.

Primo : Collez à l’actualité et faites quelque-chose, de l’action, sortez dans la rue et jouez des coudes. Vous ne voyez pas que les autres sont en train de s’en mettre plein les poches ? Bon, vous n’êtes peut-être pas une flèche lorsqu’il s’agit de chanter les louanges du Chef de l’Etat démocratiquement élu ou de prononcer des discours fanatiques pour haranguer les foules.
Voici au-moins quelques sujets qui marcheraient à coup sûr : La France et les blancs qui nous divisent pour s’accaparer de notre pétrole, ciment et autres richesses du sous-sol, les islamistes sont derrière la coalition rebelle, complot sous-régional ou d’un pays voisin visant à déstabiliser notre pays… Sortez le grand jeu, jouez la carte du patriotisme, surtout que pour ces sujets pas besoin de prouver ni de démontrer quoi que ce soit, ça saute à l’œil ce sont heu… Choisissez les français ou les islamistes ou un pays voisin , c’est forcement l’un ou l’autre ou pour faire simple les trois à la fois.
Mettez en place votre coalition patriotique pour barrer la route à la rébellion et à tous les ennemis de la nation. Bref ! Une coalition qui soutient le Président de la République. Si ce n’est pas un décret ou un arrêté qui vous récompense ce serait des billets de banque… à coup-sûr.

Secundo : Vous avez entre vingt et trente ans ? Pffft !!! Vous êtes mal barré, vous devriez encore attendre au moins trois décennies pour espérer rouler votre première voiture, quatre pour devenir cadre de la fonction publique et cinq décennies pour devenir Ministre. Ça a changé depuis peu par ici, même les postes ministériels qui permettaient de gratifier les fils d’anciens chefs d’état ou de récompenser un membre de la majorité présidentielle ont disparus. C’est coincé, il y’a des critères très élitistes, clairs et net pour entrer dans le nouveau gouvernement . C’est un gouvernement de technocrates qui jouissent d’une bonne moralité etc. Et donc si vous n’êtes pas un Chef rebelle, si vous ne faites pas partie de l’Opposition démocratique farouchement critiquée par l’opposition démocratique qui n’a pas demandé le départ du Président de la République heu…bon l’une ou l’autre des deux quoi, si vous n’avez pas démontré votre fidélité au grand patron pendant l’avancée des rebelles. Il vous reste une alternative, trouvez une potion magique qui vous transforme en septuagénaire et prenez le nom d’un de vos grands-parents qui avait été ministre il y’a quarante ans. En ce moment, votre entrée dans le gouvernement devient négociable parce que chez nous on prend toujours les mêmes et on recommence…Bon si ce n’est pas faisable faites comme tous les jeunes qui constituent la majeure partie de la population centrafricaine : Attendez que tous ces vieux meurent, alors il y’aura peut-être de la place pour vous.

Tercio : Vous pouvez aussi tout simplement extorquer de l’argent aux passants…mais légalement bien entendu, ou presque. Vu que vous ne recevez dans ce cas d’ordre de personne mais du Soleil lui-même. Trouvez-vous des bancs, des barres de fer, tout ce qui peut barrer la route et sur les coups de 23h, commencez à fouiller les taxis (pour rechercher les rebelles), arrêtez les motos et piétons. A Bangui il faut bien travailler pour vivre, du coup t’as forcement des gens qui rentrent de leur travail ou ceux qui sont obligés de se lever très tôt pour aller à leur travail. Tu peux tranquillement les racketter jusqu’au matin, en plus on distribue du café et sucre gratis aux veilleurs.

Bon, on peut ajouter à cela des trucs simples : Organisez une marche, un meeting ou toute autre manifestation pour la paix, avec un-peu d’inspiration même si vous chantez comme une casserole, insultez les rebellions qui bloquent l’avancée du pays, tous ceux qui sont derrière cette rébellion et les ennemis du régime en placw n’a pas fait de quartier, résultat : elle obtient son entrée dans le gouvernement. L’opposition démocratique a mis la barre haute en réclamant le départ du Chef de l’état, résultat : elle est associée à la gestion de l’Etat. La majorité présidentielle s’est accrochée par tous les moyens, a pu conclure les accords de paix et reste au commande. Tout ce beau monde a obtenu satisfaction, il n’y’a que les pauvres victimes qui tirent encore le diable par la queue. Personne ne se soucie de leur sort, jusqu’aujourd’hui la situation reste bloquée dans les zones touchées par la crise, les portes des écoles sont restent fermées, beaucoup de personnes sont mortes en dommages collatéraux, pas d’ouverture d’un couloir humanitaire pour porter secours aux gens qui vivent dans la brousse, ceux qui ont fui les hostilités et qui crèvent de faim et de froid. Ces zones ne sont pas ravitaillées en médicaments et en antirétroviraux car les éléments de la Seleka refusent le cantonnement et continuent de piller les villes.

Du coup vous avez le choix entre être bourreau ou victime. Le premier doit être nettement mieux non ?


Bangui: La guerre des chefs est declenchée

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Guerre des chefs, bagarres de meneurs d’hommes, leaders autoproclamés de la jeunesse…Bangui vit désormais au rythme des marches, meetings, barrières et autres manifestations organisées par des gens qui font tout pour attirer l’attention du Chef de l’Etat centrafricain. Bien évidemment ces manifestations sont bénévoles et motivées par la seule volonté des participants à soutenir la démocratie. (Sic) Tous veulent montrer au chef suprême qu’ils mouraient pour lui. Je me souviens de l’essentiel du discours du Coordonnateur de COCORA que je traduis presque mot à mot : Monsieur le Président, c’est dans le malheur qu’on reconnait ceux qui vous aiment réellement. Il y’a des gens qui ont mangé avec toi, où sont-ils aujourd’hui ? Ce sont tes jeunes qui sont là, qui se sont levés pour te soutenir, on est avec toi.

Entre ceux qui ont organisé la marche et les jets de cailloux sur l’ambassade de France, le sit-in devant l’Ambassade des Etats-Unis et ceux qui sont à l’origine des barrières, ceux qui tiennent des meetings pour mobiliser les jeunes et faire d’eux des patriotes ce n’est pas les idées qui manquent. Jusque-là, tout ce beau monde manœuvrait de son côté évitant de marcher sur les plates-bandes de l’autre. Mais ce qui devait arriver arriva : Dans un Communiqué daté du 09 Janvier 2013 le COCORA ( Coalition Contre les Rebellions Armées) s’en prend à Steve Yambété un Lieutenant de l’armée et membre de l’église de Bozize, l’un de ceux qui font partie de la classe bourgeoise de l’armée du régime Bozize qui aurait demandé aux jeunes de ne pas réduire le nombre de barrières comme le proposait le Coordonnateur de COCORA et que désormais il les prendrait en charge personnellement. Usurpation, scandale, les barrières c’était leur initiative entérinée par l’adresse à la nation du Chef de l’état. La place d’un Lieutenant est au front pour défendre sa patrie continue le communiqué de presse.

Au-delà des individus ce sont les Associations qui ont pris le relais, et comme une association chez nous vit de financements et subventions et que chacun doit aussi manger… Hop, les marches deviennent le nouveau gagne-pain de la population.

La jeunesse centrafricaine est au centre d’un enjeu majeur. Cette jeunesse saura-t-elle relever tous les défis qui sont les siens ? Sa maturité et son sens de responsabilité sont mis à l’épreuve, peut- elle assurer ? Entre ceux qui vendraient leur âmes au diable pour protéger leurs intérêts et ceux qui se livrent à toutes les abominations pour réclamer leur part de gâteau, la jeunesse saura-t-elle se mettre au dessus de la mêlée ? Qu’elle le veuille où non cette jeunesse a sa partition non-négligeable à jouer…Mais fera-t-elle musique ? Cette jeunesse enrôlée, dotée d’armes, de chanvres et bernée par quelques beaux discours, la voilà transformée en desperado, pilleurs, violeurs, chairs à canons, boucliers humains, marionnettes à qui on télécommande des actions criminelles.

On a vu une partie de cette jeunesse lâchée dans la nature avec des armes blanche la nuit qui menace, vole et insulte ses compatriotes. On a vu une partie de cette jeunesse s’en prendre à des personnes de race blanche, s’en prendre à leur compatriotes et à certaines communautés juste après certaines allégations. On a écouté et vu des choses horribles ces derniers jours. Que dire des évènements qui se déroulent en Centrafrique ? Qu’est ce qui se cache derrière tous ces mouvements ? Que mijotent ces personnes qui mobilisent des jeunes affamés, leur achètent du café et leur demandent d’ériger des barrières ? Quand des machettes sont distribuées et certaines communautés pointées du doigt. Quel message est-on en train de transmettre ? Quand des membres de certaines ethnies sont kidnappés, arrêtés à l’insu du parquet pour des destinations inconnu…On est en droit de se demander si certaines personnes préparent un Rwanda bis un scénario à la Côte d’ivoire? Bain de sang, règlements de compte, Bangui à sac serait un scénario envisageable au cas où Bangui serait attaqué ? Pendant que se tiennent les pourparlers de Libreville où les belligérants iront discuter de leurs intérêts et parts de gâteau, l’avenir de ces jeunes, le sort des victimes, les jeunes qu’on a utilisé font ils partie des préoccupations de tout ce beau monde champion de beaux discours ? Pas besoin d’aller à l’école pour comprendre que la jeunesse est le cadet des soucis des débateurs de Libreville. Cette minorité de la jeunesse qui ne s’est pas encore prostituée pour des miettes, qui n’a pas encore trempé dans la course à sa part de gâteau a intérêt à se lever comme un seul homme pour montrer un autre visage de la jeunesse centrafricaine. Dire non aux coups d’états, génocide, règlement de compte, désordre, pillage, etc …Oui, nous pouvons dire non, sans casser, brûler, piller, violer et j’en passe…y’a intérêt, il y va de notre avenir…


Bangui: « Le pouvoir est dans la rue »…

La pire nuit de cette fin d’année 2012 pour moi est certainement celle d’hier. J’avais fini le travail sur les coups de 21h et avais grimpé avec les autres collaborateurs à bord de la Terrano de la radio. La veille un arrêt  ministérielle avait interdit la circulation des taxi-motos à partir de 18h jusqu’à 06h du matin. Le communiqué précisait que ces derniers pouvaient être pris pour des cibles militaires parcequ’ils transporteraient des éléments rebelles qui cherchent à infiltrer Bangui. Vu que rien ne permettait de me différencier d’un taxi moto, j’avais décidé par prudence de donner quelques jours de congé à ma moto.

Le véhicule de la radio devait ramener chacun chez lui. A-peine sommes nous sortis de la ruelle pour emprunter la grande route que nous sommes tombés sur une barrière d’auto-défense, la première d’une série de 73 que nous devions franchir avant d’arriver au PK10 le quartier de notre technicien. Des jeunes armés de gourdins, machettes, arc et flèches nous sommèrent de descendre du véhicule pour leur permettre de le fouiller et voir si nous ne transportions pas des armes ou des rebelles.

–          C’est le personnel de la radio d’à-côté disaient les uns,

–           On s’en fout rétorquèrent les autres, c’est sur ordre du « vieux » en personne qu’on fait ce travail, c’est pour notre pétrole et notre ciment !

Je me souviens que l’avant-veille dans son adresse à la nation le Président de la République avait appelé les jeunes à se constituer en auto-défense et à doubler de vigilance. Il affirmait que des éléments rebelles ont infiltré Bangui,  qu’ils utilisent des taxi-motos pour arriver, et que les étrangers qui sont dans les clôtures les cachent. Il a cité au passage quelques quartiers dans lesquels ces rebelles se seraient cachés.

Nous avons donc obtempéré et sommes descendus de la Terrano qui fut fouillée de fond en comble. Nos papiers étaient aussi demandés et vérifiés par cette bande de braillards qui ne savaient à-peine lire et qui je parie ma tête n’avaient pas pour beaucoup d’entre eux une seule pièce d’identité.

J’ai dû descendre et remonter à bord Soixante et treize fois avant d’arriver au PK 10, à chaque 50 mètres il y’avait une barrière. J’ai vu un taximan se faire passer à-tabac et ses clients bousculés parce qu’il était exaspéré et essayait de leur faire comprendre que c’était lui faire perdre son temps inutilement vu que les trois dernières barrières qu’eux-mêmes pouvaient voir là-bas derrière ainsi que plus de 50 autres depuis le centre-ville ont déjà procédé à la fouille de son taxi. Que sa course était urgente vu qu’il emmenait une de ses clientes à l’hôpital de l’amitié.

–          Descendez seulement et présentez vos papiers, et puis toi tu me regardes pas comme ça, me lançait un vigile gringalet qui sentait le chanvre à trois mètres et qui brandissait une machette

Pas moyen d’essayer d’entamer la discussion avec ces gendarmes improvisés qui étaient hautains à volonté et qui procédaient avec des tactiques différents : Soit c’est tout le monde descend du véhicule et marche à pieds pour traverser la barrière en présentant au passage ses papiers. Pour d’autres c’était : Excusez nous c’est pour le pays, pour le bien de tous qu’on fait ça..Trouvez nous du café ou du sucre…Dans vos rêves faillis-je lâcher…ils me rappellent les jeunes qui faisaient des veillées dans les cellules et QG des partis politiques pendant la campagne électorale et à qui on a promit monts et merveilles. Des jeunes désœuvrés, délinquants, chômeurs qui s’organisaient en bandes et recevaient un-peu d’argent de la part des autorités. J’ai vu et reconnu cette nuit là un leader de la jeunesse dans sa 4X4 noire qui distribuait de l’argent à chaque barrière aux vigiles.

L’ordre et la sécurité à Bangui sont confiés entre les mains des bandes de jeunes délinquants affamés…ça craint. On imagine ce que pourraient faire avec leurs armes blanches ceux-ci s’ils n’ont rien à se mettre sous la dent.

Des jeunes qui vous font un exposé sur le ciment qui sort sur le marché incessamment en ignorant que même si ce ciment est vendu à 2500 frs CFA le sac, eux qui n’arrivent pas à dépenser 1 dollar par jour ne pourraient jamais acheter une tonne pour construire.

Personne ne veut d’un coup d’état en RCA, le pays reculerait de 50 ans encore si cela venait à se reproduire, mais au lieu d’une jeunesse responsable qui se lève dans sa neutralité et son innocence, sans velléité partisane pour crier son ras le bol et demander aux belligérants de s’asseoir à la table de négociation parcequ’en prenant les armes ils hypothèquent l’avenir de cette jeunesse…On a affaire a une jeunesse manipulée, exploitée par des gens qui jouent leur va-tout pour protéger leurs intérêts. Des jeunes qui ont fait passer le pays à un doigt d’un incident diplomatique grave en s’en prenant à des ambassades de pays amis. Avant d’accuser les blancs, asseyons-nous et réfléchissons :

Le vrai problème de la RCA n’est-il pas la mal gouvernance sous toutes ses formes ? La restructuration de l’armée prônée en 2003 est restée sans suite, le processus Désarment, Démobilisation et Réinsertion des anciens Combattants pour lequel on a reçu des milliards n’a pas été mené jusqu’au bout. Le Président de la République a fait confiance aux forces tchadiennes ainsi qu’à la garde prétorienne qui l’a aidé à prendre le pouvoir le 15 Mars 2003 au détriment des forces de défense et de sécurité. Aujourd’hui nous payons cash les conséquences…evenements bangui