L’affaire de la grenade finalement classée !

Article : L’affaire de la grenade finalement classée !
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3 juin 2013

L’affaire de la grenade finalement classée !

Ils sont finalement venus récupérer leur grenade. Celle que j’ai trimballé 24h durant dans mon sac, et qui est restée 48 h dans un coin de la cour de radio Ndèkè-luka. Les autorités ont des choses plus graves à gérer qu’une simple affaire de grenade glissée dans le sac d’un journaliste.

Le General Kalil, chargé des opérations du démantèlement des barrières illégales érigées par les éléments de la Seleka, a fait lui-même le déplacement à radio Ndek-luka. Il est arrivé quand j’étais en pleine émission. Il aurait voulu me saluer et m’écouter mais comme je travaillais encore il a dû prendre congé en faisant le plus important : débarrasser la radio de la grenade.kalil 2

C’est le rédacteur en Chef qui me raconte à la fin de mon émission : « il a dit que celle qu’on a glissé dans ton sac est une grenade offensive ou d’assaut (il a utilisé les 2 termes dans ses explications) avec une portée de 50 mètres et que si on avait balancé ça juste au portail toute la radio aurait sauté. Donc si elle avait sauté dans ton sac on n’aurait retrouvé rien de toi. »

Ce jour là, le Général Kalil revenait d’une autre intervention : un faux Seleka a été appréhendé avec des grenades et des armes. C’est cette information que nous avons diffusé dans nos journaux. Aujourd’hui, les donnes ont changé, on doit désormais participer aux efforts du gouvernement pour sécuriser le pays au lieu d’entretenir le climat de méfiance et de terreur. J’ai déjà entendu cet argument dans nos réunions : il ne faut pas transformer notre antenne, nos productions et journaux en chroniques des exactions de la Seleka ; il faut éviter de verser dans le sensationnel, nous devons être une rédaction responsable, et éviter de lancer des appels à la haine ou au soulèvement.

faux seleka

On a trouvé des termes pour ne pas frustrer le gouvernement. Quand il y a une exaction, c’est perpétrée par les faux Seleka. On ne parle même plus d’éléments de la Seleka mais d’anciens éléments de la Seleka. Ils font désormais partie des FACA (Forces armées centrafricaine). D’autant que la condition pour avoir de l’aide financière des partenaires demeure la sécurisation du pays.

C’est à peine si on ne vous dit pas: Les pauvres petits Seleka, tout le monde est contre eux.  En dépit de tous les efforts qu’ils consentent pour ramener la sécurité dans le pays. On saute sur les débordements de quelques faux Seleka pour jeter l’opprobre sur tout un mouvement patriotique.

C’est le message qui semble se vulgariser en ce moment. Des efforts ? Oui, tous les jours que le bon Dieu fait les chefs de la coalition, les généraux et colonels débarquent à la radio avec des voleurs, les fameux faux Seleka qu’ils auraient attrapés la main dans le sac en train de braquer de paisibles citoyens. La Seleka est sollicitée pour participer à nos émissions et sensibiliser à la paix, prôner la cohabitation pacifique entre tous les centrafricains. Ils sont devenus les habitués de notre station au point d’inviter certains responsables de la radio à leur mariage. Alors du coup, on y met un-peu de bonne volonté, on regarde par deux fois avant de laisser passer à l’antenne une information les concernant.

seleka à la radio 2

J’ai eu droit à des « Mec t’as eu de la chance de tous les collabos et c’est tout. Tout est bien qui fini bien. »

L’affaire est classée pour tout le monde sauf pour moi.

Dans un pays où personne ne contrôle vraiment ces hommes armés, où hier encore des éléments de la Seleka ont fait irruption dans la paroisse Notre dame d’Afrique en pleine messe du dimanche avec des armes disant qu’ils étaient à la recherche d’un homme. Dans un quartier comme le mien, où tous les petits commerçants d’origine tchadienne et soudanaise ont une arme et se promènent avec en plein jour. Mais si un gendarme est soupçonné d’avoir  encore son arme de service on en fait une affaire d’Etat. Dans un pays où les éléments de la Seleka font la pluie et le beau temps, et sont estimés aujourd’hui entre 10 et 18.000 hommes pas encore désarmés. Je dois désormais faire profile bas ou chercher à entrer dans les bonnes grâces de quelques généraux de la Seleka pour bénéficier de leur protection. Sauf que je suis BlogueurCentro… et j’ai déjà dit beaucoup de choses….

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