Sécession et populisme : le même scénario partout, même en France ?

Article : Sécession et populisme : le même scénario partout, même en France ?
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2 juin 2014

Sécession et populisme : le même scénario partout, même en France ?

Populisme et sécession vont de pairs, et tous les leaders en panne d’arguments pour parvenir à leur fin ont mis cette corde à leur arc. Quand on regarde ce qui se passe aux quatre coins du globe les scénarios sont étonnements semblables.

Il est difficile de trouver une population homogène qui se ressemble en tout point. Et tout un peuple n’est jamais séparatiste. Il y a toujours quelques agitateurs de masse, quelques meneurs animés par des intérêts qui ne disent pas leurs noms qui mettent en avant des arguments identitaires, culturels, linguistiques ou raciaux pour prôner et justifier la séparation.  Ces alibis ne sont souvent que la face visible de l’iceberg. Quand on regarde tout cela de près, il y a toujours des intérêts économiques, stratégiques ou géopolitiques qui se cachent derrière ces arguments. Et il faut plus que de simples harangues pour réussir dans cette entreprise. Seules de grandes puissances ont la capacité de créer les conditions pour valider et entériner les volontés de partition. Le menu principal du cocktail, c’est le populisme.

Le populisme désigne la diversité de la société comme la source principale du malheur de la partie qu’il prétend défendre et en même temps explique que ce sont les dirigeants qui tolèrent cette injustice. Si on se sépare de l’autre, on règle avec une baguette magique tous nos problèmes. Un bon discoureur qui scande, martèle et répète cela à une mère dont les enfants crèvent de faim, à un ouvrier endetté, à un fonctionnaire qui n’arrive pas à joindre les deux bouts est presque sûr de susciter la méfiance, la colère voire la haine contre le voisin. Ces personnes commencent à observer le voisin et naturellement lui trouveront des défauts (On en a tous). Et bingo, c’est lui depuis le début. Tout est sa faute, il faut s’en séparer au pire l’éliminer. Le discoureur a trop raison, le diable c’est le voisin. Déjà le fait qu’il soit différent est suspect. Cela doit être génétique, ses défauts c’est en fait dans sa race, c’est dans leur gêne, leur culture de merde. Ils ont toujours été comme cela. La preuve il irritait déjà mes arrière-grands-parents. Et les populations oublient qu’ils avaient vécu ainsi depuis des générations malgré leurs différences.

Le scénario est quasi-similaire partout : l’autre c’est votre malheur, et c’est le gouvernement qui protège l’autre, dégagez ce gouvernement mettez-moi à la place et je dégagerai votre malheur qui est l’autre. Ou en d’autres mots : Mais qu’est ce qu’ils foutent là-haut ? Ils ne voient pas que vos voisins sont la principale cause de vos malheurs ? Faites de moi le calife à la place du calife et je règlerai leur compte à vos voisins, par voie de conséquence vos problèmes en même temps

Dans ce monde où les intérêts économiques et géostratégiques passent avant les vies humaines. Si un peuple a le malheur de vivre dans un endroit où se trouve l’intérêt des grands de ce monde. Sa diversité culturelle, ethnolinguistique ou raciale à la base est une véritable richesse. Cependant cette richesse constituera des alibis en béton pour créer le trouble et redéfinir sa géographie, voire sa démographie en fonction de la volonté pour ne pas dire des intérêts de ces grands.

En Centrafrique et ailleurs dans le monde, le scénario est quasi-similaire

Dans l’histoire de l’humanité,beaucoup de gens ont voulu susciter la division. Et quand on regarde de près, les similitudes l’emportent sur les dissemblances entre ces élans sécessionnistes : les indépendantistes biafrais, casamançais, corses, basques, le cas du Kosovo, plus récemment la Crimée, même les catalans, le Québec ou encore l’Ecosse.

Quand l’Occident (l’Union européenne et les Etats-Unis) est d’accord avec la partition elle est interprétée comme nécessaire et salvatrice, elle est appuyée comme au Kosovo. Quand l’Occident n’est pas d’accord, alors elle est présentée comme ne respectant pas le droit international comme en Crimée. Tout cela n’est en fait que question d’intérêts et les leaders séparatistes se contrebalancent royalement des populations. Et si cette population avait un brin d’analyse, elle verrait qu’il vaut mieux pour elle vivre paisiblement comme elle l’a toujours fait plutôt que de s’imposer des souffrances et des horreurs comme au Biafra.

Le Rwanda est l’exemple parfait qui montre que tous les peuples peuvent vivre ensemble en dépit des discours fallacieux de quelques leaders animés par des intérêts égoïstes et poussés dans ce dessein par des mains invisibles. Le cas de la Centrafrique est grossier, mais les puissances diaboliques qui veulent cette partition ont assez de tours dans leur sac pour rendre cela plausible. Mais tellement plausible. Ils résument la crise centrafricaine en une épuration ethno-religieuse. Les musulmans sont exterminés à Bangui et ils se replient au Nord. La division est quasiment consommée. On nous bombarde tous les jours avec ça dans les médias : l’épuration ethno-religieuse est accomplie à Bangui, on avance inéluctablement vers la partition. On oublie cette population qui vivait ensemble il y a encore un an. Une rébellion prend le pouvoir avec des mercenaires tchado-soudanais. L’ancien régime revient avec une milice dite chrétienne. La pauvre population prise en otage entre deux feux se réfugie selon qu’elle est musulmane ou chrétienne au monastère, à la mosquée centrale, à l’aéroport et même dans la brousse pour celles qui vivent dans l’arrière-pays. Elle tente de survivre ainsi à ce conflit créé de toutes pièces en attendant que les belligérants arrêtent les hostilités. La situation était encore gérable, puis débarquent les sapeurs pompiers avec la résolution 21 27 des Nations unies qui est on ne peut plus claire : désarmer et cantonner toutes ces milices pour permettre aux populations de rentrer chez elles. Au lieu de ça la communauté internationale passe son temps à relocaliser les musulmans au Nord, on laisse les milices s’organiser, leur donne de la logistique pour tenir leur congrès, leur permet de tuer régulièrement de part et d’autre pour justifier l’impossibilité de vivre ensemble et la création d’un nouvel Etat. Il y a encore des musulmans dans la capitale Bangui, réfugiés comme les « non-musulmans » qui voudraient simplement qu’on désarme les milices pour les laisser vivre en paix… Finalement faut-il croire que la communauté internationale a un autre agenda ? Et…les massacres sont-ils des motifs suffisants pour mettre en œuvre cet autre agenda ? Pour couronner le tout un gouvernement de transition quasi inutile qui n’a pas les moyens de sa politique (si elle en a une)…Pas d’armée parce que la communauté internationale a décidé que l’armée nationale est acquise à la cause de l’ancien régime qui est à la tête des milices anti-balaka. Un embargo sur les armes en RCA est décidé, mais bizarrement les rebelles sont lourdement armés. Qui les arme, qui les finance, pour quels intérêts ?

Quand vous regardez la carte du nouvel Etat qu’ils font déjà circuler sur le Web, vous comprenez tout. Ils coupe la carte en deux de manière à ce que leur Etat du Nord prenne en compte les mines et surtout l’uranium de Bakouma qui se trouve dans le Sud-Est, en plus du pétrole au Nord qui se trouve dans le même bassin que celui du Tchad qui appuie la Seleka. Tous ceux qui connaissent la RCA savent que c’est quasi impossible, si on raisonne en termes d’ethnie et de religion, de procéder à cette division. Même les milices anti-balaka, leurs villages se trouvent au Nord. Couper un pays en deux parce qu’il y a à peine un an un groupuscule de bandits de grand chemin a pris les armes…

L’exemple de la France

Maintenant, regardons ce qui se passe en ce moment en France au travers des troubles en Centrafrique ou ailleurs dans le monde. Ce populisme, cette habilité à jouer sur les sentiments du peuple, la misère du peuple pour le soulever contre l’élite barbare, les intellos fachos et bouleverser l’ordre établi. Cela peut aller jusqu’à la révolution de palais. On sert aux Français ce syllogisme : il a trop d’étrangers en France, ils prennent vos emplois, le problème c’est les étrangers, c’est l’élite qui tolère les étrangers, donc le problème, c’est l’élite. Chassez cette élite, faites de moi l’élite à la place de cette élite et je chasserai les étrangers et donc par voie de conséquence je chasserai vos problèmes. Les médias y jouent un grand rôle, ils servent à marteler ces propos matin, midi et soir. Pour que cela soit crédible, il faut que cela soit relayé par les médias et pas n’importe comment, mais subtilement par les vedettes innocentes et gentilles. Les grands animateurs télé proches du peuple. J’ai pris le temps de regarder la télé, ce ne sont plus des journalistes, des animateurs télé, mais des stars. Des gens qui ont une trop haute opinion d’eux-mêmes et qui dictent les règles du jeu. C’est eux que le peuple croit, c’est en eux qu’on croit. Et c’est eux qui tiennent le débat… A suivre.

 

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