La Centrafrique en 7 diapos ou la chronique d’un pays au bord du gouffre

Article : La Centrafrique en 7 diapos ou la chronique d’un pays au bord du gouffre
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19 novembre 2013

La Centrafrique en 7 diapos ou la chronique d’un pays au bord du gouffre

Diapo N°1 :  La RCA est une jungle peuplée de quatre millions et demi de gibiers à la merci de plus de 20.000 hors la loi appelés ex-Seleka. Cette coalition étant officiellement dissoute par son chef, l’actuel président de la transition Michel Djotodja.

J’exagère ? Voyez plutôt, une semaine à Bangui: lors d’un braquage d’une moto par deux ex-Seleka, l’un des deux braqueurs a lâché une grenade tuant une jeune femme et blessant plusieurs autres personnes du quartier Castors. Ont été assassiné un ex FACA (Forces Armées Centrafricaines) dans le quartier Miskine par des éléments de l’ex-Seleka, dans la foulée un français a prit une balle ; un élément des FACA dans le 4e arrondissement ; et un Magistrat. Plusieurs concerts de tirs à l’arme automatique ont retenti le soir dans le 5e arrondissement, selon les humeurs d’un Colonel de l’ex-Seleka.

Diapo N°2 : Au vu de ce qui précède, on comprend bien que le très médiatisé désarmement des éléments de l’ex-Seleka a accouché d’une souris. Ces mecs sont toujours armés jusqu’aux dents et sèment la terreur à Bangui. Les forces de défense et de sécurité n’ont pas d’armes pour se défendre quand les braqueurs, pilleurs et assassins de l’ex-coalition sont lourdement armés et font ce qu’ils veulent. Cherchez l’erreur…

Diapo N°3 : La Centrafrique a besoin en urgence d’une force de maintien de la paix neutre et capable de tenir en respect la nébuleuse ex-Seleka. La MISCA (Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique), si elle est commandée et constituée en majeure partie des forces de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), on est loin d’être sorti de l’auberge. Jetez un coup d’oeil sur ce qui se passe en Centrafrique : no comment comme disent les anglais… La Force militaire d’Afrique centrale ne pourra résoudre le problème.

Diapo N°4 : N’importe quel crétin sait que si t’as un chien méchant, tu le tiens en laisse pour éviter qu’il ne morde de paisibles passants. Ben ça, les responsables de l’ex-Seleka ne le savent pas. Et le souci c’est que dans leurs cas on parle de plus de 20.000 enragés a la gâchette facile qui comptent au moins un mort par jour pour la seule ville de Bangui. 20.000 desperados qui auraient dû être désarmés, cantonnés et mis hors d’état de nuire depuis 8 mois. Les morts s’amoncellent devant l’impuissance des autorités et de la communauté internationale.

Diapo N°5 : La Centrafrique est un far-west dans lequel le plus odieux des crimes est cité comme un banal fait divers. Vingt-quatre heures après l’assassinat du Directeur Général des services judiciaires, seul un communiqué du ministère de l’Intérieur, en total contradiction avec la version de la famille fait office de réaction de l’exécutif.

Écoutons la cadette du défunt : « Trois individus nous ont été présenté à la place mortuaire comme étant les assassins du magistrat, on nous a donné une arme  pour les exécuter, la famille a refusé cette proposition et demandé la saisine de la justice pour clarification, mais sur le chemin du retour ces trois personnes ont été exécutées. »

Maintenant écoutons le Pasteur Josué Binoua Ministre de l’Intérieur : « Dans la soirée du samedi 16 novembre 2013, aux environs de 19 heures, le Magistrat, Directeur Général des Services Judiciaires, Modeste Martineau BRIA a été froidement abattu sur l’Avenue de France, suite à une tentative de braquage de son véhicule de fonction. Les auteurs de ce dernier braquage ont été formellement identifiés, par les témoins qui ont donné des indications utiles sur leurs lieux de refuge aux Forces de l’ordre. Ces indications ont permis aux Forces de l’ordre de les traquer. Aux environs de 3 heures du matin, au moment de leur interpellation, ils ont opposé une résistance en ouvrant le feu sur les Forces de l’ordre qui étaient à leur trousse. A l’issu des échanges de tirs, trois de ces malfaiteurs ont été abattus. Il s’agit de :

· ALI ABDRAHAMANE
· IBRAHIM ASSIME
· ISSAKA MARDJANE

Le Gouvernement condamne avec fermeté ces agissements qui troublent sérieusement le processus de la transition en cours. » Et patin-couffin…

Si la version de la cadette “que beaucoup de témoins ont confirmée” est vérifiée, cela pose le problème d’exécution extra-judiciaire pour masquer, protéger qui ou quoi ? Les vrais auteurs instigateurs du crime ? Le magistrat Modeste Bria, Directeur des services judiciaires aurait des dossiers qui pourraient intéresser  la CPI…

Naturellement, la classe politique centrafricaine dans son ensemble évite d’élever la voix face à ces exactions sur la population. Elle est impliquée jusqu’au cou dans le scénario ex-Seleka. L’ancienne opposition démocratique, les membres du CNT (Conseil National de la Transition), les membres du gouvernement sont impuissants devant les agissements de la Seleka.

Diapo N°6 : Michel Djotodja achète le silence des manifestants en payant les morts des victimes de l’ex-Seleka. Dix millions aux habitants de Boy-Rabé suite au pillages et multiples exactions dans leur quartier après une réunion avec eux au palais ; cinq millions à ceux de Boeing après le passage infernal de l’ex-Seleka dans leur quartier, etc… Un autre communiqué appelait encore le samedi dernier les jeunes de Castors et Fatima à une rencontre au palais de la renaissance avec le chef de la transition, suite aux assassinats et manifestations qui s’en sont suivis dans les deux quartiers.

Diapo N°7 : La RCA est au bord de l’implosion, un peu partout des manifestations, érections de barrières pour protester contre les exactions de l’ex-Seleka qui durent depuis 8 mois . Le Président de la transition a même été hué par la population alors qu’il passait sur les lieux de l’enlèvement d’un jeune. Les ex-Seleka se sont évertués à rendre ce régime, a moins d’un an, le plus impopulaire de toute l’histoire de la Centrafrique. Tous les Centrafricains ne rêvent que de voir la fin du règne de l’ex-Seleka…

L’Avenir y est incertain. On ne sait pas de quoi demain sera fait en Centrafrique… Qui sera la victime de demain ?

 

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