Diaspora Centrafricaine : On ne veut pas de vous au pays…
Je grimpais hier dans un taxi pour me rendre à la radio sans trop me soucier des gens qui étaient à l’intérieur :
Le chauffeur, un trentenaire au crane rasé, rondouillard avec des yeux pétillants, une jeune femme les yeux cachés derrières des lunettes fumées, et à côté de moi à l’arrière du taxi un jeune homme bien sapé à l’allure de playboy. Apres que je sois monté et à peine que le chauffeur eut redémarré que ce dernier s’exclama : En tout cas, s’il ne tenait qu’à moi ces « je reviens » là, on les accepte plus au pays…Je tentais encore de comprendre ce trait d’esprit lorsque le « playboy » ajoutait : Je te dis, qu’est ce que ceux là peuvent même nous apporter de bien, si ce n’est encore qu’une autre invention pour avoir leur part du gâteau. Fini kodé fini kodé tchurrrr !!!!
C’est là que j’ai fait le rapprochement entre cette conversation et le lancement du mouvement FINI KODE. Je traduis presque mot à mot, «nouvelles manières de faire ». C’est un nouveau mouvement de la société civilecrée par les centrafricains de la diaspora. Ce mouvement vient de publier un manifeste qui dresse un sévère état des lieux de la situation sociopolitique du pays et demande en même temps l’adhésion de tous les centrafricains à ses idées.
Le jeune homme se plaignait du fait qu’il suffit d’etre « je reviens » c’est comme cela qu’on appelle les compatriotes qui reviennent de l’extérieur, de l’Occident en général et de la France en particulier) avec un faux diplôme ou même sans diplôme pour être préféré à quelqu’un qui a fini ses études à l’université de Bangui. C’est de sa bouche que j’appris qu’un compatriote qui était fox (élément de société de gardiennage) en France, a été nommé Ministre à son retour à Bangui. Intarissable le jeune homme qui semblait maitriser le sujet mieux que les autres ajoutait que « ces pauvres je reviens » souffrent longtemps là-bas en faisant des sots boulots et quand ils viennent ici en vacance c’est pour arracher nos copines et détruire nos foyers »…Pour la jeune femme, ce sont tous des menteurs qui quand ils veulent une nana dans leur lit lui promettent mariage, voyage monts et merveilles mais dès qu’ils remontent dans l’avion ils l’oublient…Une victime ?
Je suis rentré malgré moi dans la conversation dans un souci d’équité. J’ai d’abord voulu savoir ce qu’ils reprochent au mouvement Fini kodé…Pfft ! Tout ce qu’ils dénoncent on le savait déjà, tous les opposants le disent, ce sont des discours politiques. Ce qu’on veut nous c’est des initiatives pour créer des sociétés, des emplois. Tous ces expatriés qu’est ce qu’ils ont fait pour le pays ? Euh…N’avez-vous pas de parents en Occident ? Tentais-je, là encore j’ai du m’entendre dire que ce sont des radins, ils te disent qu’ils ont des choses à t’envoyer mais qu’il y’a personne pour amener, sauf que tout ce qu’ils promettent est tout le temps renvoyé aux calendes grecques. Enfin j’ai posé la question de savoir si eux-mêmes avaient la possibilité de partir en Occident, refuseraient-ils ? Bien sur que non, m’a répondu tout le monde. Et si vous étiez là bas, feriez-vous ce que vous dénoncez ici ? Naturellement non, répondent ils. Ce qui veut dire concluais je avant de descendre qu’il y’a des exceptions à tout, et qu’il ne faut pas à partir de quelques éléments juger tout un ensemble. C’est comme si à partir du Président Bozizé on affirmait que tous les centrafricains sont Généraux d’armées, pasteur, Député et président de la République…
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