Pourquoi pensez-vous que des milliers de Centrafricains ont trouvé refuge chez Paul Biya ?

Article : Pourquoi pensez-vous que des milliers de Centrafricains ont trouvé refuge chez Paul Biya ?
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11 novembre 2013

Pourquoi pensez-vous que des milliers de Centrafricains ont trouvé refuge chez Paul Biya ?

On ne change pas une équipe qui gagne. Il m’a fallu des vacances au Cameroun pour m’en rendre compte. Le pays de Samuel Eto’o fils héberge en ce moment des milliers de Centrafricains. Ils sont innombrables à avoir fui les hostilités, les bruits des détonations à longueur de journée, les pillages, viols et autres exactions de la Seleka (la coalition rebelle qui a pris le pouvoir en Centrafrique le 24 mars 2013) pour se réfugier au Cameroun voisin.

Songent-ils à rentrer un jour au pays ?

– Oui, me répond Koby. Après la fin de la transition, lorsque tout rentrera dans l’ordre et qu’il y aura un nouveau régime démocratique et que je ne me sentirais plus en danger au pays oui, je rentrerai…

Quant à Aby, rentrer en Centrafrique pour s’y installer à nouveau ne fait pas partie de ses projets. “ Ce pays tue les jeunes, n’offre aucune opportunité ”, disait-il avec rage. Non, lui en a assez de fuir tous les cinq  ou dix ans parce que les politiciens centrafricains ont érigé les coups d’Etat en système d’alternance.

En dehors de Koby et Aby que je connaissais particulièrement depuis Bangui, j’ai pour ainsi dire évité tous mes compatriotes qui hantent les rues de Douala-bar, qui noient leurs soucis la nuit à Douala Bercy et qui sont légion à Yaoundé.

Toutes les bonnes choses ont une fin. Mes vacances terminées, il m’a fallu monter dans un taxi pour me rendre à l’aéroport international de Douala et grimper dans un avion qui me ramène à la maison.

A Rome comporte-toi en Romain, il va sans dire qu’il vaut mieux se fondre dans la masse et passer incognito pour éviter d’être traité en étranger “se voir majorer les prix, risquer d’être attaqué par les nangaboko* etc…” seulement ça ne m’a jamais réussi de jouer au camerounais, mais bon je retente une dernière fois le coup :

–       Vieux père, tu tcha* combien pour un dépôt à l’aéroport?

–       50* mon petit;

–       Mouf !!! Pourquoi pas feuille* pendant que tu y es, je yamo pas les ways comme ça hein? C’est pas 2500?

–       Ooh mon petit, bon grimpes on y va

Pour une fois que ça a marché, commençais-je à penser lorsque le taximan me demandait si j’étais centrafricain…

– Heu….Ouais, fis-je ! Encore raté ! Normalement ça aurait pu marcher, jusque-là je ne sais pas ce qui foire, mon accent ? Parce que physiquement je ressemble à n’importe quel Camerounais…

Le vieux m’arrache à mes réflexions:

– Ah vraiment Bangui la coquette, disait-il l’air nostalgique. Après m’avoir servi la sauce dont j’ai horreur et que malheureusement je suis obligé d’avaler chaque fois que je décline ma nationalité et dont voici la recette :

– Centrafricain? Yako ! Seleka… Regard compatissant avec l’air de demander: t’es un survivant ? Heu…tu y retournes là ?!?

Les politicards centrafricains ont fait de nous la risée du monde et donc il faut juste assumer. Oui Monsieur je suis Centrafricain et j’suis en train d’y retourner, là, j’ai pas fui la guerre ? J’étais en vacances…Et rassurez-vous je ne me prends pas pour l’acteur du film américain : Retour vers l’enfer…Je rentre juste chez moi !

Le gars m’explique alors qu’il avait connu Bangui sous de plus beaux jours. Là encore il me sort un refrain bien connu en RCA :

– Ah vraiment Bokassa, y’avait que ce Monsieur qui avait su maîtriser la Centrafrique, après lui les autres n’ont fait que l’enfoncer jusqu’aujourd’hui.

Et Bingo ! Il venait de me faire une révélation. Au-delà de cette étrange tendance à présenter un dictateur comme le seul bâtisseur de la nation centrafricaine se cache une vérité que j’ai découverte au Cameroun.

Une vérité qu’un Camerounais ne verrait pas forcément parce que l’homme n’est pas fait pour être satisfait de son sort.

Sur le plan macro-économique, sur le plan de l’éducation, des infrastructures pour ne pas dire sur tous les plans, le pays de Chantal Biya dépasse la RCA et fait partie des géants de la sous-région d’Afrique centrale. Cependant la date du 6 novembre, date de mon anniversaire a alimenté la polémique au Cameroun.

Pas moins de 31 ans au pouvoir, les Camerounais estiment que c’est trop, ils veulent un changement au sommet de l’Etat. C’est ce que d’aucuns appellent la démocratie.

Même mon pote Florian parle de dictateur éclairé quand il évoque Paul Biya. Faut-il croire qu’il n’y a pas de démocratie sans alternance? Et si le peuple décide d’élire un seul homme cinquante fois ? Sans vouloir passer pour quelqu’un qui cautionne la dictature, qu’est ce qu’un peuple désire le plus au monde si ce n’est la paix, la stabilité, un salaire régulier, le développement et j’en passe?

Ce taximan a raison, des dizaines de bonshommes ont beau se succéder à la tête de la nation centrafricaine, mais ce peuple manque cruellement du strict nécessaire.

Cependant Paul Biya offre depuis 31 ans aux Camerounais ce à quoi aspirent les Centrafricains : la paix, la “liberté du négoce” comme le disait Fama dans Les soleils des indépendances d’Ahmadou Kourouma, l’éducation, la liberté de presse, la liberté d’expression, etc. et les gens viennent de partout en jouir…

– Alors si vous ne voulez pas du vieux, donnez-le nous. Disais-je au vieux taximan.

Echanger Paul Biya contre un certain…..heu…non même contre tous les politiciens centrafricains et en une semaine on verra si vous ne regrettez pas le vieux et réclamez son retour avec des larmes aux yeux…Pourquoi cette fâcheuse tendance à vouloir coûte que coûte comparer nos Etats qui ont la cinquantaine à peine entamée à des pays qui ont plus de deux cents ans de démocratie ?

Depuis trente  ans le Cameroun est un symbole de stabilité, de paix, de développement dans la sous-région d’Afrique centrale grâce aux efforts du vieux. Et si on fait un peu de syllogisme : On ne change pas une équipe qui gagne ; Biya a gagné donc on ne doit pas changer Biya. Pour que je puisse encore revenir en vacances dans un Cameroun libre et prospère où il fait bon vivre. Et si vous n’en voulez pas, et bien nous nous ssommes prêts en Centrafrique à échanger tous nos dirigeants sans exception contre le sage Paul Biya…

– Je pense que le vieux taximan m’en veut toujours pour ces propos. Il s’était lancé dans des démonstrations, me disant que ma connaissance du Cameroun se limite à ses deux grandes villes : Yaoundé et Douala et que je suis très mal placé pour parler de ce que je ne connais pas. Ce pays est très riche, mais il n’y a qu’une minorité qui en jouit et blablabla… Bon un mécontent me disais-je ! Depuis quand avez-vous vu un humain satisfait de son sort ?

Nangaboko : les délinquants et autres bandits qui font les pickpockets.

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