La condition siné qua non pour une sortie de crise en Centrafrique: Voici la vraie revolution

Article : La condition siné qua non pour une sortie de crise en Centrafrique: Voici la vraie revolution
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22 août 2013

La condition siné qua non pour une sortie de crise en Centrafrique: Voici la vraie revolution

N’entendez-vous pas cette cacophonie ? Ne la remarquez vous pas ? Il y’a trop de confusions, trop de Fronts, de mouvements créés par-ci par-là qui font entendre des voix discordantes. Demandez-vous dans quels buts? Ça fait vraiment désordre et ça ne recoud aucunement les problèmes du Centrafricain, au contraire…

Je comprends le courroux des uns, la rage des autres. L’heure est grave, la Centrafrique est à la croisée des chemins. Quand je lis tout ce que mes compatriotes publient sur les réseaux sociaux, et écoute les incitations à l’insurrection, je redoute le pire.

Je pense que nous devons dépasser nos peurs, nos différences, nos colères et rancœurs pour l’intérêt supérieur de la nation.

En l’état actuel des choses nous devrions plutôt rechercher une issue durable et pacifique à nos problèmes, le sang du centrafricain a déjà trop coulé. Mettons un instant de côté nos passions et essayons de réfléchir en prenant du recul face à la situation qui prévaut en ce moment en Centrafrique. On a une chance de redevenir un pays normal, on a une chance de sortir de ce cercle vicieux de coup-d’Etat, de violence et mieux encore une ultime chance de reprendre le contrôle en tant que peuple souverain qui donne le pouvoir à des représentants légitimes qui l’exerce en son nom. C’est en réussissant une transition apaisée, condition siné qua non pour aboutir à des élections libres et démocratiques. A mon humble avis, pour y arriver nous avons deux besoins primordiaux :

1-Le Centrafricain a besoin de se réconcilier avec lui-même.

2-Le Centrafricain a besoin d’une révolution des mentalités.

Hier encore, les gens raisonnaient en termes de nordistes, sudistes, kaba, yakoma, gbaya etc. Même nos dirigeants ne font confiance qu’à des troupes étrangères pour protéger leurs fauteuils et traitent comme ennemis les militaires qui ne sont pas de leurs ethnies. Il y a eu depuis deux décennies, des procès bidons organisés dans l’unique but de mettre en prison ou de radier de l’armée certains Centrafricains jugés hostiles aux régimes en place. Tout cela a fragilisé notre armée. Il y a eu des manœuvres politiques visant à diviser les Centrafricains, à leur faire croire que ceux qui ne sont pas de leur ethnie, région, clan sont leurs ennemis.

Aujourd’hui, nous payons cash cette folie claniste. Notre salut réside désormais dans la formation d’un Etat nation. Nous sommes une nation d’animistes, d’athées, de musulmans, de chrétiensN Nous sommes une nation qui risque de disparaître si nous continuons à nous regarder en chien de faïence et à nous entre-tuer à la moindre occasion. Un vrai Centrafricain ne voudrait pas d’un génocide en RCA. On est d’abord Centrafricain avant d’être quoi que ce soit d’autre.

Il faut se lever comme un seul homme pour vouloir le changement, et se dire plus jamais ça.

Beaucoup de centrafricains ne mesurent malheureusement pas leur propos et nous font courir le risque de sombrer dans le chaos en prônant la violence.

J’ai grandi avec des gens qui n’ont jamais connu un autre pays que le Centrafrique. Sont-ils des étrangers juste parce qu’ils ont des noms musulmans ? D’un autre côté, nul ne peut nier qu’il y a des gens qui ont débarqué en Centrafrique depuis quelques temps qui ne parlent ni sango, ni français à qui nos dirigeants ont donné la nationalité et qui importent chez nous des mœurs de violences et de barbarie. Pourquoi certains Centrafricains refusent de faire ce distingo et mettent tout ce monde dans un même panier en les traitant tous d’arabo ? (arabes)

Pourquoi ces Centrafricains musulmans s’accoquinent avec des mercenaires pour semer la mort et la désolation dans leur propre pays ?

Le Centrafricain a besoin de cette révolution de mentalité.

Hier Bozizé avait la possibilité de nous éviter tous ces malheurs. Il n’a pas su saisir la perche qui lui était tendue, aveuglé par sa horde de griots et ne pensant qu’à conserver son pouvoir par tous les moyens. Bozizé a lamentablement échoué dans sa mission. Et aujourd’hui, lui et sa famille ont fui avec des milliards et vivent à l’abris. Pourquoi utiliser les Centrafricains comme chair à canon en les incitant à se mesurer à des ex-rebelles a la gâchette facile ? Bozizé, Steve Yambete, Levi Yakete et compagnie demanderaient-ils de tels sacrifices à leur propres enfants ?

Michel Djotodja est Centrafricain, comme Bozizé il a fait beaucoup de mal aux centrafricains en tissant des alliances infernales pour accéder au pouvoir. Il est prit en otage par environ 20.000 ex-rebelles pour qui la moindre occasion est un prétexte pour piller, voler et assassiner. Pourtant, c’est dans ce contexte que nous devons réussir une transition apaisée, condition siné qua non pour aboutir à des élections libres et démocratiques qui permettront aux Centrafricains de choisir eux-mêmes leurs dirigeants et donner une chance au pays d’entrer dans le concert des nations.

C’est simple, pour le moment c’est Michel Djotodja qui tient les rênes du pays. Je pense que tout Centrafricain qui aime son pays n’a pas idée de destituer Djotodja par un énième coup d’État. Ce ne sera même pas un coup-d’Etat, ce sera le coup de grâce qui sonnera le tocsin sur l’agonie finale de notre nation.

Beaucoup de gens sont morts pour rien. Michel Djotodja est Centrafricain et je reste convaincu qu’il n’a pas l’intention d’exterminer ses compatriotes. Mais comme ses prédécesseurs, il est prit en otage par ses proches et n’a peut-être pas une grande marge de manœuvres. Il lui manque peut-être une volonté collective, massive, nationale de tout un peuple derrière lui pour le guider dans le changement. Et si on lui donnait la chance de tout changer ?

Une transition apaisée oui. Des élections libres et transparentes oui. Voilà ce dont a besoin le Centrafricain. Affrontements inter-centrafricains, inter-communautaires, guerre civile NON !

Nous avons une chance de sortir du bourbier, et cette chance c’est avec Michel Djotodja et ce dernier ne peut saisir cette chance qu’avec tous les Centrafricains. Dialoguer, pardonner, tourner la page, se fixer des objectifs et tâcher ensemble de les atteindre. Vérité et réconciliation, Michel Djotodja doit rencontrer la jeunesse, les entendre, entendre les femmes, la société civile. Souffrir de les écouter, les laisser lui cracher leur quatre vérités (ça soulage), après cela pardonner et se tracer une voie à suivre.

Michel Djotodja doit rencontrer Bozize. Ce dernier doit arrêter de penser vengeance et rébellion. Comme cela a été le cas pour Patasse. On doit négocier et organiser le retour de Bozizé au pays, et que personne n’essaie de porter atteinte à son existence. C’est seulement ensemble que nous pourrons réussir. S’il y a encore des Centrafricains exclus, exilés qui ne pensent qu’à prendre les armes pour revenir on ne sortira jamais de ce cercle infernal d’éternel recommencement.

Seule une volonté nationale peut amener le changement…

Je termine sur cette citation d’Aung San Suu Kyi : « La révolution par excellence est celle de l’esprit, issue de la conviction intellectuelle qu’il est indispensable de changer les attitudes mentales et les valeurs qui façonnent le cours du développement d’une nation. Une révolution qui ne vise qu’à changer la politique officielle et les institutions en vue d’améliorer les conditions matérielles a peu de chances d’aboutir à un réel succès.

Sans une révolution de l’esprit , les forces qui ont produit les iniquités de l’ordre ancien continueront de prévaloir, en faisant peser une menace constante sur le processus de la reforme et de la régénération. Il ne suffit pas de réclamer la liberté, la démocratie et les droits de l’homme. Il faut qu’il y’ait unité et détermination afin de persévérer dans la lutte, de consentir à des sacrifices au nom de vérités immuables, de résister aux influences corruptrices qu’exercent le désir, la rancune, l’ignorance et la peur. »

 

 

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