Les vraies raisons des événements du 02 Août 2012 à Bangui

4 août 2012

Les vraies raisons des événements du 02 Août 2012 à Bangui

La manifestation des candidats malheureux au recrutement dans les rangs des Forces Armées Centrafricaines a failli virer au drame. Nous sommes passé à deux doigts d’une révolution, voyez plutôt les faits qui se sont déroulés le 02 Aout dernier:

Les manifestants du 7e Arrondissement de la ville de Bangui se sont attaqués en début d’après-midi à la prison centrale de NGARAGBA où ils ont cassé toutes les portes de cette principale maison carcérale de la capitale permettant ainsi aux prisonniers de s’évaporer dans la nature. Seuls quelques prisonniers expatriés ne sachant où aller se sont empêchés de s’enfuir. Ajouté à cela, le pont du camp Kassaï conduisant à la caserne militaire qui a également été cassé.

Des dégâts matériels ont aussi été enregistrés dans certains arrondissements de la capitale dans la matinée :

Le monument du 15 Mars 2003 situé au rond-point du 4e arrondissement et qui commémore la date du putsch qui a porté au pouvoir le General François Bozizé a été désarmé de son AK-47 et de son drapeau. Parmi les bustes de tous les Présidents de Centrafrique posés au monument du cinquantenaire celui du Président Bozizé a tété cassé. Des jeunes  ont bravé les militaires, affronté les balles réelles,  barricadé les routes etc. Pour protester contre ce qu’ils appellent spoliation, recrutement clanique, fraude massive. Le Centrafrique est passé à deux doigts d’un « printemps centrafricain »…Une goutte d’eau qui a failli déborder la vase. Dommage que les autorités n’y ont encore vu comme d’habitude que de la manipulation. Ces jeunes seraient manipulés par les opposants selon le Ministre délégué à la Défense et fils du Chef de l’Etat.

Mais réfléchissons objectivement au pourquoi de ce drame qui a plongé le centrafricain dans la peur et la crainte de revivre des événements douloureux d’un passé encore récent.

Il faut d’abord noter que les frais de dépôt de dossier de candidature étaient fixés à 5.000 Frs CFA, sans compter qu’il fallait constituer son dossier c’est-à-dire payer le certificat de nationalité, le casier judiciaire, les photos d’identités etc.

Se sacrifier pour 5.000 Frs CFA me direz vous, mais cette somme représente beaucoup de choses et rien à la fois en Centrafrique. Des jeunes ont affirmé avoir vendu leurs biens, leur strict nécessaire pour réunir cet argent. Trouver 5.000 frs CFA est très difficile à Bangui, tout comme on achète presque rien avec cette somme en Centrafrique. Les prix des denrées de premières nécessités ont connu des hausses vivement décriées par la population malgré un arrêté bloquant lesdits prix. Le centrafricain moyen vit en dessous du seuil de la pauvreté avec moins d’un dollar par jour.

Trouver un emploi en Centrafrique tient presque du miracle. Il existe dans le pays un collectif de diplômés sans emploi qui fait grève régulièrement pour l’intégration de ses membres dans la fonction publique. L’inégalité sociale atteint un niveau si flagrant que la majorité de la population qui souffre commence à détester cette minorité qui croule sous la richesse. Des gens qui naguère n’avaient rien mais qui aujourd’hui sont de multi millionnaires juste parce qu’ils sont du clan du chef de l’état.

Ensuite, on organise un test sans définir les critères de sélections. Tout le monde pouvait postuler vu qu’il n’y’avait pas de profil spécifié. On fixe le montant du dépôt de candidature à 5.000FrsCFA, on prend plus de 10.000 dossiers, fait passer un test à 10.000 candidats pour finalement retenir environs 700 personnes.

Les événements du 02 Août 2012 devraient faire réfléchir ceux qui sont au pouvoir. L’histoire nous apprend que c’est la rue, et la révolution populaire qui a renversé de nombreux régimes si forts soient ces derniers. La maxime reste incontestée : On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps.

Mais s’ils s’obstinent à voir dans toutes les revendications de la manipulation politiques…

 

 

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