Les elections en Centrafrique: Toutes ces peines pour rien???

28 janvier 2011

Les elections en Centrafrique: Toutes ces peines pour rien???

La période du 10 au 22 Janvier 2011 consacrée à la campagne électorale et la journée du Dimanche 23 Janvier 2011 date des élections groupées en Centrafrique aboutiront à quoi ? Tellement les attente sont considérables, mais également les tergiversations, les doutes et inquiétudes de ceux qui jusqu’à la dernière minute  n’ont pas cru à la tenue effective de ces élections groupées. Comme on pouvait s’y attendre, des voix commencent à se lever notamment parmi l’opposition démocratique réunie au sein du Collectif des Forces de Changement, ainsi que celle de l’ancien président Patasse candidat à l’élection présidentielle pour demander l’annulation de ces élections mettant en cause de nombreuses irrégularités. A l’heure où chacun essaie de tirer le drap de son côté, de prêcher pour sa chapelle, qui se préoccupe des victimes d’abord de la campagne électorale ensuite des élections ? Des victimes il y’en a eu mais une fois encore qui se préoccupe même de celles-ci ?  C’est une question qui mérite d’être posée, surtout dans le contexte centrafricain. Les victimes sont tellement nombreuses que je ne sais par lesquelles commencer :

Nous avons d’abord les victimes d’accidents de circulation, car l’un des exercices favoris des candidats en commençant par le Président sortant candidat à sa propre succession c’est de jeter les billets de banque à travers la vitre de leur véhicule en pleine circulation, et il y’a généralement une marrée humaine qui se bouscule, joue des coudes pour attraper au vol les billets de 500 et 1000 frs Cfa. Naturellement, personne ne perdra son temps à évaluer le nombre de ceux qui ont été écrasés par des véhicules durant cette campagne électorale. Ce manque d’égard pour la population est considéré par ces mêmes électeurs en proie à la pauvreté comme un geste de bonté de la part des candidats et malheureusement un critère de choix.

On peut mettre à la suite des victimes d’accidents, les blessés, ceux qui ont été passés à tabac par les partisans des camps adverses, ceux qui ont reçu des jets de cailloux alors qu’ils parcouraient la ville dans les caravanes pour battre campagne en faveur de leur candidat et qui aujourd’hui sont abandonnés à leur triste sort.

Il y’a ceux qui ont été déshonorés, insultés, dont la vie privée a été dévoilée au grand jour parcequ’ils ont eu l’audace de battre campagne pour tel ou tel candidat ou parcequ’ils ont osé se présenter contre tel candidat. Chez qui iront-ils se plaindre ?

Il y’a ceux qui vont tomber malades parcequ’ils ont veillé toute la période de la campagne dans les cellules, les comités de soutien, et quartiers généraux de leur candidats pendant les nuit froides de saison sèches, se réchauffant juste en prenant du café fournis par ces candidats.

Et il y’a ceux qui ont été obligés de veiller même dans leur lit parceque la loi n’a pas fixé de fourchette d’heure pour battre campagne, les tapages nocturnes ont privés beaucoup de paisibles citoyens de sommeil.

Ceux qui, par souci d’accomplir leur devoir de citoyen sont allés passer toute la journée du Dimanche sous un chaud soleil accompagné d’une chaleur de boulangerie, qui se sont entendu dire qu’ils n’ont pas leurs noms sur la liste électorale malgré qu’on leur ait délivré des cartes d’électeurs. Qui ont finalement pu voter par dérogations, et qui maintenant écoutent les politiciens dire avant même la proclamation des résultats qu’il faut annuler les élections…

Il y’a eu ceux qui ont été soupçonnés de crimes imaginaires, qui ont été battus, intimidés, arrêtés arbitrairement etc.…Enfin, la grande masse du peuple qui a voté mais qui voit sa volonté déformée, contestée, controversée, changée au nom d’intérêts, et d’alliances qui ne disent pas leur noms, ceux qui ont donné leur voix, mais dont la voix ne compte visiblement pas…

Finalement les élections en Centrafrique, a été beaucoup de peines, beaucoup de sueurs… pour Rien ????

Partagez

Commentaires

Tonton Popo
Répondre

Eh oui, les centrafricains doivent comprendre que le moment est révolu de toujours vendre leur âme au diable.

Eliane
Répondre

très belle analyse, tu nous as parfaitement relater les faits, et clairement expliquer la situation, ce qui permets à nous Centrafricains expatriés, de mieux comprendre ce qui s'est réellement passé tout au long de cette période. puisque les médias ne nous disent pas forcement tout ce que tu dis avec autant de précisions, simplement parce que, tu n'as fait qu'expliquer ce que tes yeux d'observateur ont vu.
Merci à toi, et surtout continues comme çà à nous éclairer avec tes textes.
bonne continuation

polelerca
Répondre

Lettre aux Démocrates du 11 février 2011

« NON AU HOLD-UP ELECTORAL EN CENTRAFRIQUE »
Depuis leur arrivée au pouvoir par « coup d’Etat » le 15 mars 2003, et « légitimé par erreur populaire» en 2005, le général François BOZIZE, sa famille et son nouveau parti politique le KNK, n’ont cessé de semer la désolation au sein de la population, d’accentuer la misère du peuple centrafricain et de donner un spectacle affligeant quant à la gestion des affaires publiques.
A leur actif, des assassinats, des violations massives des droits de l’Homme, de l’impunité et de la mal gouvernance on peut noter sans que cela soit exhaustif :
• L’assassinat du colonel Charles MASSI, des commissaires TREPASSE et SAMA, du sergent SANZE ;
• Le génocide de Paoua et de Markounda en janvier et avril 2006 ;
• La mort mystérieuse de Maître Goungaye WANFYO, Président de la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme en décembre 2008 ;
• La disparition du leader du MSN, HASSAN ;
• Les incendies des villes et villages dans les régions de la Vakaga et du Bamingui-Bangoran par la garde présidentielle ;
• Le trafic des pierres précieuses : « affaire des diamants de Düsseldorf ».
• La gestion basée sur la désinformation sur la régularité des salaires sur indice de 1993 rendu possible simplement par l’annulation de la dette publique alors que le pays fait face à un un bilan désastreux allant de l’état des infrastructures tels que l’électricité, l’eau, le téléphone fixe, les hôpitaux et les routes, une télévision nationale qui n’émet plus depuis décembre 2010, un chômage plus élevé que dans les autres pays de la sous région;
• La confiscation du pouvoir (7 membres de sa familles Ministres dans les gouvernements passés) renforcé par la présence des 8 membres de sa famille élus par la fraude organisée dès le premier pour siéger à la nouvelle Assemble Nationale afin de lui permettre d’installer une dynastie en Centrafrique ;
• Etc.
Les dernières élections groupées du 23 janvier 2011 ont fini d’apporter la preuve que le général François BOZIZE n’est pas la personne qui veut la paix de son peuple et le développement de son pays.
Toute une panoplie d’irrégularités et de graves insuffisances ayant conduit à des fraudes massives a été mise en évidence par les rapports des observateurs de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et certaines ONG de défense des droits de l’Homme :
 listes électorales non fiables, voire inexistantes ;
 intimidation des électeurs par les autorités locales et les forces de sécurité dans les bureaux de vote ;
 substitution d’urnes non homologuées ;
 présidents de bureaux de vote et assesseurs désignés par les CEI locales récusés et tous remplacés par des militants du général-candidat François BOZIZE ;
 absence des procès-verbaux dans un grand nombre de bureaux de vote et centres de dépouillement ;
 démarrage tardif des opérations de vote ;
 non-respect des règles et procédures par les membres des bureaux de vote ;
 intrusion des représentants de l'Administration dans les bureaux de vote ;
 nombre de votants supérieur à celui des inscrits dans de multiples bureaux de vote;
 nombre trop élevé de votes par dérogation, etc.

En outre plus de 500 000 voix ont été purement et simplement écartées des résultats publiés par la CEI qui n’a « d’indépendante » que l’adjectif contenu dans son nom.
La violation permanente du Code Electoral par le régime de Bangui a été maintes fois dénoncée avant, pendant et après le scrutin par l’opposition démocratique sans que la communauté internationale, pourtant prompte à exiger la transparence et le respect du droit sous d’autres cieux, ne lève le petit doigt.
Les personnalités indépendantes, politiques, les représentants des partis politiques Centrafricains, les Citoyens Centrafricains de la Diaspora, conscients du bien fondé des réserves légitimement exprimées sur le déroulement de ces élections par les missions d'observation électorale de la francophonie et de certaines ONG dès le lendemain du scrutin, et des conséquences imprévisibles du rejet de la population d’une telle mascarade :
- refusent les résultats provisoires proclamés dans la nuit du mardi 1er février 2011 par la CEI et exigent leur annulation pure et simple ;
- Appellent les Centrafricaines et les Centrafricains à refuser la marche vers une succession monarchique qui ne dit pas son nom sous la complicité du KNK et à demander l’annulation pure et simple des dernières élections qui mettent la destinée de tout un pays entre les mains d’une famille après achat de conscience à coup de CFA ;
- appellent la communauté internationale en général et en particulier le Président de la République Française - pays des droits de l’Homme, le Secrétaire Général de l’ONU, l’UA, l’UE, l’OIF et la CEMAC à obtenir du général François BOZIZE l’organisation de nouvelles élections libres, transparentes et crédibles dans le strict respect du Code Electoral comme recommandé par le Représentant de la mission d’observation de la francophonie, Monsieur Pierre BUYOYA, Ancien Président du Burundi ;
- demandent aux parlementaires français, européens, américains et tous les Démocrates du monde entier à soutenir le peuple centrafricain pour la restauration d’une véritable démocratie apaisée et durable.
Ils demandent à tous les Centrafricains de la Diaspora et de l’intérieur de rester solidaires des Forces du Changement et d’être débout afin de barrer la route aux fossoyeurs de la Démocratie.

Fait à Paris, le 11 février 2011
Pour le respect de la volonté d’alternance du Peuple,

Ont signé :

PERSONNALITEES INDEPENDANTES :

Marie Reine HASSEN Olivier GARIBALUT

REPRESENTANTS DES PARTIS POLITIQUES : REPRESENTANTS DES CANDIDATS :

RDC : Pr Raymond SIOPATIS

Pour Ange-Félix PATASSE : Michel DOROKOUMA

MLPC : Jean Didier KABRAL

Pour Emile Gros Raymond NAKOMBO : Médard POLISSE BEBE

CRPS : Daniel MAKOURI KIWI Jean-Pierre MARA

Pour Martin ZIGUELE : Antoine Jérémie NAM-OUARA