Le mystérieux Jean Bedel BOKASSA

3 novembre 2010

Le mystérieux Jean Bedel BOKASSA

Voilà aujourd’hui 14 ans, jour pour jour que Bokassa 1er le dernier empereur africain a quitté ce monde. Comme lors de son enterrement en pleine mutinerie, la deuxième sous le régime d’Ange Felix Patassé, l’anniversaire de ce décès est passé inaperçu en toute discrétion dans son cercle familiale.

Rien à voir avec les célébrations en grandes pompes qui ponctuaient le règne de celui qui avait été empereur du Centrafrique et Chef de l’Etat pendant  13 ans.

Jean Bedel Bokassa demeure un sujet mystérieux autour duquel tournent tellement de controverses sans que personne ne soit arrivé à en cerner les tenants et aboutissants ni dévoiler la vraie nature.

Pour les uns, c’était un tyran, fasciste et anthropophage qui ne mérite aucun honneur. Et tellement d’anecdotes corroborent malheureusement ces allégations : Il y’a par exemple le massacre des écoliers du 18 Janvier 1979, les exécutions extrajudiciaires qui étaient légion sous son règne etc.

Tandis que pour d’autres et ceux-ci sont de plus en plus nombreux en RCA Bokassa reste le chef d’état centrafricain qui a réellement construit le Centrafrique.

La quasi-totalité des centrafricains s’accordent à affirmer qu’en dehors de Bokassa tous les autres chefs d’état centrafricains n’ont presque rien fait. Et c’est étrangement vrai. Le pays lui doit pratiquement toutes les grandes institutions nationales. L’unique chaine de télévision nationale, la seule université de Bangui, le stade Omnisport tombé en ruine pour ne citer que cela sont l’œuvre de Bokassa.

Animé d’une ambivalence époustouflante Bokassa regorgeait à la fois de vices et de vertus. Il était capable tant d’actes héroïques que d’étonnantes frasques.

Ce petit état d’Afrique centrale était connu grâce aux ambitions démesurées de cet homme. On pourrait sans risquer de se tromper affirmer que l’histoire du Centrafrique après Boganda a commencé avec l’ère Bokassa. Victime non seulement de son orgueil mais encore de ce que j’appelle « récupération politique » et dont je me ferai un plaisir d’en parler prochainement. Toutes les écoles de Bangui sans exception, aucune adoptent à-présent ce qui avait été  l’origine de la triste histoire du massacre des écoliers de Janvier 1979. Le port d’uniforme obligatoire à l’école aux frais des parents d‘élèves dont Bokassa avait eu l’initiative à l’époque n’était pas une idée mauvaise en soi mais la décision était intervenue à un moment où les salaires étaient mal payés et où le centrafricain avait l’habitude de tout se faire offrir. Il y’a eu les agitateurs, les incitateurs à la révolte, les instigateurs du drame. Sans vouloir excuser le triste massacre, ceux-là l’histoire les a oubliés. Ce qui reste (et à raison) dans les mémoires c’est le nombre des massacrés.

Le concept genre est l’un des débats de l’heure,  cependant il y’a trois décennies à l’arrière Bokassa avait déjà associé la femme à la gestion de la chose public en nommant premier ministre Madame Élisabeth Domitien.

Il est aujourd’hui difficile de se faire un avis tranché sur Jean Bedel Bokassa. A l’heure du bilan des cinquante ans de ce jeune état qu’est le Centrafrique,  les langues devraient se délier, les témoins oculaires qui ont vécu l’époque Bokassa devraient se prononcer pour rétablir toute la lumière sur cette page de l’histoire du Centrafrique et la lumière sur cet homme qui demeure encore aujourd’hui un vrai mystère…

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Commentaires

KOURSANY
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Difficile comme tu le sais mon frère d'avoir un net avis sur l'Empereur Jean Bedel Bokassa. Comme tu le reconnais ainsi que bon nombre de centros, il est le seul à avoir cette folie de grandeur, ce patriotisme jamais égalé pour construire son pays malgré les imperfections qui ont caractérisé son régime. Toi même tu sais que ceux qui l'entouraient, d'après l'histoire, ont été pour beaucoup dans des violations et autres crimes qui lui sont reprochés mais l'histoire retiendra de lui qu'il fut un homme d'Etat qui a marqué aussi bien positivement que négativement son époque. Mais j'ai pour ma part du respect pour la grandeur de l'homme même si je reconnais qu'il a des défauts. Essaies d'enlever dans Bangui, toutes les réalisations de Bokassa, et tu verras que Bangui n'est qu'un gros village. Bref, il y aura des avis partagés mais, il est ce qu'il est et on ne peut refaire l'histoire comme tu le sais...

blogueurCentro
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"Essaies d’enlever dans Bangui, toutes les réalisations de Bokassa, et tu verras que Bangui n’est qu’un gros village." J'aime bien ce passage... Celui qui s'estime en mesure de prouver le contraire de ce que tu dis, n'a qu'à le faire...

Boukari Ouédraogo
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C'est toujours comme ça. Pendant le règne de certains on les appel DICTATEURS. A leur morts, ils des HEROS

Odile H
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Que penser, lorsqu'on habite en France et que l'on a suivi, à l'époque cette extraordianaire histoire ? La France après avoir soutenu à fond Bokassa en misant sur celui qui allait défendre les intérêts économiques français s'est vite retournée contre lui.
Bokassa avait compris la cupidité des Français. C'était en fait un homme intelligent et visionnaire. En créant un empire, il avait pensé que son pays serait intouchable car la médiatisation de son sacre avait contribué à sa légalité.
Son idée d'Empire africain était intéressante car elle promouvait la grandeur de l'Afrique noire en montrant qu'elle pouvait elle aussi se mettre au niveau des pays du Nord.
Cependant, Bokassa était trop confiant en lui. Son voyage en Lybie lui a été fatal. La France est alors intervenue en constatant que l'homme qu'elle croyait "de paille" était en fait un homme "de fer" ambitieux pour cette Afrique qu'il aimait.
L'histoire jugera.
Peut-être est-il né trop tôt ?