Centrafrique : comment réussir enfin la transition

Article : Centrafrique : comment réussir enfin la transition
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1 septembre 2014

Centrafrique : comment réussir enfin la transition

Le président de l’Autorité nationale des élections vient de le reconnaître : les élections prévues pour février 2015 ne pourront pas se tenir à cette échéance. Quel avenir pour le retour de la démocratie en République centrafricaine ? Comment sortir de cette crise ? Si l’on veut vraiment voir le bout du tunnel, il n’existe pas 36 solutions, des actions concrètes s’imposent.

I- De la médiation sous-régionale

La médiation des pays de la sous-région Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) a montré ses limites, les fauteurs de trouble centrafricains ont fait le tour des capitales sous-régionales sans trouver de solution. Il y a eu les rencontres et multiples accords de Libreville, les rencontres et accords de Ndjamena, les pourparlers de Brazzaville un, deux et trois. Chaque fois les mêmes personnes, se cachant derrière les mêmes entités, qui d’ailleurs voient leur nombre grossir à chaque épisode s’en vont se partager le gâteau dans ces capitales, touchent des per diem et imposent leurs volontés. Simplement parce qu’ils ont des moyens de pression qui sont les massacreurs de masses lourdement armés sur le terrain. Les différents protagonistes ont des soutiens dans ces capitales sous- régionales. La quasi-totalité des chefs d’Etat de la Cemac étant eux-mêmes arrivés au pouvoir dans leur pays à la faveur d’un coup d’Etat et gagnent systématiquement par l’opération du Saint-Esprit toutes les élections qu’ils organisent depuis quelques décennies. Il est impératif d’avoir un médiateur fort qui peut taper du point sur la table en disant « c’est bon, la recréation est terminée, on se met au pas et on avance vers le désarmement,  la démobilisation et la réinsertion afin d’aller aux élections. » Quel pays est prêt à jouer ce rôle ?

II- Des institutions de la République

a- La présidence

Au risque de choquer les militants de cette cause, je pense qu’on ne peut plus continuer à changer indéfiniment la tête de la transition en RCA. D’ailleurs il faut bien que l’on songe à sortir de cet état de fait pour redevenir un pays normal, ceci ne sera possible que suite à des élections libres et démocratiques.

Changez dame Samba Panza et le prochain président de la transition se livrera aux mêmes errements. Il voudra aussi nommer tous les membres de sa famille, ses copines, s’en mettre plein les poches, etc. Ce sera un éternel recommencement et les élections repoussées aux calendes grecques. Assez ! Laissons Samba Panza conduire la barque jusqu’aux élections. Il va sans dire qu’il y a un virus de l’incompétence qui sévit au palais de la Renaissance et tous ses locataires depuis deux décennies sont automatiquement contaminés. Non, cela suffit on a vraiment pas besoin d’un énième larron.

b- Du gouvernement

Envers et contre tout, le gouvernement Kamoun est formé. Une trentaine de ministres pour contenter tout le monde et faire manger tout le monde comme d’habitude. Suite et fin, qu’on arrête définitivement avec ces remaniements ministériels obtenus sous pressions. La RCA a-t-elle besoin par exemple d’un ministre du Tourisme dans son état actuel ? Ce sont toujours les mêmes sinon les mêmes entités qui sont représentées au sein du gouvernement. Et pour cause, on veut satisfaire tout le monde. La seule préoccupation étant d’avoir sa part du gâteau pour se tenir tranquille, il est impératif d’arrêter cette pratique. Tous les ministres Seleka se valent, pareil pour les anti-balaka. Mahmat Kamoun n’est peut-être pas l’homme le plus intègre de la RCA, on croise juste les doigts pour que les aides d’Etat à Etat ne se baladent plus dans les poches de l’ex-conseiller spécial de la présidente qui prétend faire le change dans une banque à Douala au Cameroun et qu’une partie disparaisse avant d’arriver dans les caisses du Trésor public. Vivement que le compatriote Mahmat Kamoun et son équipe soient animés d’un esprit patriotique et travaillent pour rendre à la RCA sa dignité perdue.60623_696231603765536_4437672730664680009_n

c-Du Conseil national de transition

Les membres de ce conseil devraient se calmer un peu. Ce conseil national de transition a été forgé de toutes les pièces. Ses membres ont été cooptés par-ci par-là pour légitimer le pouvoir de Michel Djotodja que la communauté internationale refusait de reconnaître. Si ce CNT avait plutôt dit « il est hors de question pour nous de légitimer un coup d’Etat, on propose plutôt des élections anticipées », on n’en serait peut-être pas là. L’actuel président du CNT a été le premier à organiser une grande marche de soutien au lendemain du coup d’Etat de la Seleka, son poste est tout simplement une récompense. Il n’a aucune légitimité et ne peut se comporter comme un président d’une Assemblée nationale élue par la population. Certains membres du CNT savent qu’ils ont pris de l’argent pour voter. Donc avant de condamner la communauté internationale ou qui que ce soit balayons déjà devant notre porte. Les politiciens centrafricains sont responsables à des degrés différents de ce qui est arrivé à la Centrafrique. Qu’ils arrêtent de penser à s’en mettre plein les poches et prennent des décisions qui vont dans le sens de la paix et la réconciliation nationale. Le CNT doit aujourd’hui penser plutôt à la tenue de futures élections s’ils sont vraiment patriotes et représentatifs de la population.

III- Du désarmement effectif des milices sans exception 

Depuis le début nous ne cessons de dire que la clé de cette crise est le désarmement. Aussi longtemps que les acteurs de cette crise ont des moyens de pression à savoir des hommes lourdement armés sur le terrain, ils n’en feront qu’à leur tête. Aucun chef rebelle ni rebelle ne voudra se désarmer volontairement. Ils savent ce qu’ils risquent : perdre tout moyen de pression pour toujours rester aux affaires, risquer la poursuite judiciaire, etc. Tant qu’on ne démilitarise pas le pays, aucun processus de normalisation ne pourra être lancé.

IV- Et enfin… des marches

J’ai envie de crier « y’en a marre des marches. » Tout le monde peut soudoyer tout le monde pour organiser des marches de soutien. Un peu de dignité…Il y a mieux à faire pour aider le pays que de voir ces spectacles ridicules. Cette cacophonie démontre que le Centrafricain ne peut pas se lever comme un seul homme pour vouloir la paix et la réconciliation nationale. Un exemple qui illustre parfaitement ces propos : le 17 août, un groupe de Centrafricains organise une marche à Paris pour demander la démission de Samba Panza et de son gouvernement, le 18 août toujours à Paris, un autre groupe de Centrafricains organisent une marche de soutien à Samba Panza et à son gouvernement…R.A.S

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