2013, retour sur une année qui a rendu la RCA tristement célèbre…

Article : 2013, retour sur une année qui a rendu la RCA tristement célèbre…
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5 mars 2014

2013, retour sur une année qui a rendu la RCA tristement célèbre…

La Centrafrique est devenue célèbre en 2013. Chaque jour sur les journaux et les écrans de télévision on peut voir des images d’horreur en provenance de ce pays. Les Centrafricains se demandent comment ils ont pu en arriver là.

Je vous propose un retour sur les événements majeurs qui ont marqué 2013, l’année pendant laquelle la RCA a fait la Une dans les médias internationaux.

Commençons par la nuit du 31 décembre au 1erjanvier 2013, la pire Saint-Sylvestre jamais vécue par les Centrafricains. Le pouvoir est dans la rue, des jeunes soudoyés par un régime devenu très impopulaire et impuissant face à l’avancée de la rébellion Seleka font la police. Ils érigent des barrières tous les 20 mètres sur l’ensemble des grandes artères de la capitale. Les rebelles sont à la porte de Bangui et toute la capitale vit dans la psychose de leur arrivée. Ces jeunes délinquants, armés par la Cocora (Coalition contre les rébellions armées) de Lévy Yakété, et par la Coac (Coordination des actions citoyennes) de Steve Yambété font la loi. Ils ont carte blanche, arrêtent qui ils veulent : officiers de l’armée, ministres, femmes enceintes. Ce sont les mêmes jeunes qui ont caillassé l’ambassade de France le 26 décembre 2012 pour montrer la colère du clan Bozizé face au silence de la France devant l’avancée des rebelles.

Le 2 janvier 2013 : bouffée d’oxygène. Les rebelles de la Seleka annoncent la suspension de leur marche sur Bangui et l’envoi d’une délégation aux pourparlers de paix à Libreville.

Le 11 janvier 2013 : les pourparlers de paix aboutissent à la signature des fameux accords de Libreville. Ces accords donnent une part du gâteau à chacun et les grands bébés centrafricains reviennent à Bangui. Leur feuille de route : la cessation des hostilités, le maintien de Bozizé au poste de président, la formation d’un gouvernement de transition avec un Premier ministre issu de l’opposition démocratique (sic), des postes ministériels stratégiques à la Coalition Seleka (dont celui du ministre de la Défense jusqu’alors poste de Bozizé et de son fils Francis), l’organisation d’élections législatives dans un délai de 12 mois pour palier le problème de cette Assemblée nationale monocolore. Une assemblée dans laquelle on retrouve pêle-mêle les oncles, les enfants et concubines de Bozizé. Le retrait de toutes les forces militaires étrangères de la Centrafrique à l’exception des forces de la Fomac (Force multinationale de l’Afrique centrale). (Référence faite aux forces sud-africaines qui protègent le pouvoir de Bozizé). Voilà qui est parfait !

17 janvier 2013 : Bozizé organise une réunion au palais de la Renaissance avec toutes les entités ayant pris part aux pourparlers de Libreville ainsi qu’avec les autres partis politiques. Des chefs de partis politiques comme Boukanga ont vivement critiqué ces accords et demandent à Bozizé de faire ce qu’il veut. A la suite de la réunion, Nicolas Tchangaï est nommé Premier ministre.

15 mars 2013 : Bozizé célèbre en grandes pompes au stade de Bangui, les festivités marquant sa prise de pouvoir par les armes en mars 2003. A cette occasion, des représentants de la jeunesse, des musiciens, des associations prononcent des discours de soutien à l’homme fort de Bangui.

Le 17 mars 2013 : la Seleka lance un ultimatum de 72 heures au président Bozizé pour la mise en application complète des accords de Libreville qui prévoient entre autres le départ des forces sud-africaines, la libération de tous les prisonniers politiques, et la levée de toutes les barrières dans la ville de Bangui. Une mission de médiation conduite à Sibut pour calmer le jeu tourne à la séquestration. Les éléments de la Seleka retiennent cinq ministres de la délégation à Sibut. Il s’agit de : Christophe Gazam-Betty, ministre de la Communication, Michel Djotodjia, vice Premier-ministre, ministre de la Défense, Mohamed Daffahne, ministre des Eaux et forêts, Amalas Amias Aroune, ministre du Commerce et Herbert Djono Ahaba, ministre de la Recherche minière. Une simple stratégie pour ne pas les exposer aux représailles qui vont suivre.

20 mars 2013 : la seleka annonce reprendre les hostilités à la suite de l’expiration de l’ultimatum.

24 mars 2013 : la Seleka prend le contrôle de la capitale centrafricaine à la suite d’une offensive éclair. Devant sa puissance de feu, Bozizé qui participe au combat, fuit au Cameroun et déclarera qu’il avait vu des forces spéciales tchadiennes participer à l’offensive sur Bangui.

25 mars 2013 : l’Union africaine suspend la RCA comme Etat membre, et la France condamne le coup d‘Etat.

31 mars 2013 : formation du gouvernement dans lequel Nicolas Tchangaï est maintenu Premier ministre et Djotodja ministre de la Défense (il nous réitère le scénario Bozizé).

Le 14 avril 2013, la Seleka encercle Boy-Rabe, pille, vole, et viole. Devant l’ampleur des exactions, le gouvernement parle de désarmement des fanatiques de Bozizé. Ce genre d’incursions meurtrières dans certains quartiers et villages devient régulier.

Le 30 avril 2013 : le ministre de la Justice, Arsene Sendé, instruit le procureur général de la cour d’appel de Bangui d’ouvrir une procédure judiciaire sur les crimes et autres exactions commis sous le régime de l’ancien président François Bozizé (no comment !).

19 juillet 2013 : devant la détérioration de la situation et l’incapacité de la Fomac à désarmer et cantonner les nouveaux maîtres de Bangui qui s’illustrent en véritables desperados et commettent des exactions tous les jours, l’Union africaine annonce l’envoi de 3 600 hommes pour pacifier le pays.

27 août 2013 : des civils fuyant les exactions de la coalition Seleka, prennent d’assaut le tarmac de l’aéroport Bangui M’poko, placé sous la protection des forces françaises. Ils sont restés près de quatre jours bloquant le trafic aérien.

14 septembre : devant la gravité des crimes commis par la coalition Seleka et les multiples condamnations des ONG des droits de l’homme, Michel Djotodja annonce la dissolution de la coalition Seleka,

5 décembre 2013 : une attaque des anti-balaka dans la matinée fait une cinquantaine de tués parmi la Seleka et des civils musulmans. Les représailles de la Seleka sont sanglantes, un millier de morts sont dénombrés parmi la population civile non musulmane. Le Conseil de sécurité selon la résolution 2127 donne un mandat de six mois aux troupes françaises pour rétablir la sécurité sur l’ensemble du territoire centrafricain.

Le 6 décembre :  lancement de l’opération Sangaris, « nom de code de la mission des troupes françaises en Centrafrique ».

Tout le monde où presque est maintenant au courant que la Centrafrique n’est pas une région d’Afrique, mais bien un pays. Plus besoin d’évoquer Jean Bedel Bokassa, le dernier empereur africain, pour que les gens voient de quel pays il s’agit. 2013 aura tout simplement été une année à placer en tête de liste dans les annales des périodes sombres de la République centrafricaine. Mais aujourd’hui encore ce pays peine toujours à voir le bout du tunnel.

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Commentaires

paix
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Ce beau pays à toujours signer des accords de paix, mais ou en sommes nous avec ces accords? Aujourd'hui le Centrafrique est à plat, un pays à éternel reconstruction. Ses Hommes politiques n'ont pas les moyens( dans le sens général) de faire de la politique(rôle). Et n'oublions pas nous ne pourrons pas reconstruire sans bâtir la paix et la réconciliation entre ce peuple divisé. Je sais une chose ça été toujours difficile pour notre pays, en n'aucun cas nous avons baisés les bras. Nous rebâtirons ce beau pays R.C.A par tous les moyens possible mais sans couler le sang. Que Dieu vous bénisse et qu'il bénit le Centrafrique.