Bangui: La guerre des chefs est declenchée

9 janvier 2013

Bangui: La guerre des chefs est declenchée

photos-greves

Guerre des chefs, bagarres de meneurs d’hommes, leaders autoproclamés de la jeunesse…Bangui vit désormais au rythme des marches, meetings, barrières et autres manifestations organisées par des gens qui font tout pour attirer l’attention du Chef de l’Etat centrafricain. Bien évidemment ces manifestations sont bénévoles et motivées par la seule volonté des participants à soutenir la démocratie. (Sic) Tous veulent montrer au chef suprême qu’ils mouraient pour lui. Je me souviens de l’essentiel du discours du Coordonnateur de COCORA que je traduis presque mot à mot : Monsieur le Président, c’est dans le malheur qu’on reconnait ceux qui vous aiment réellement. Il y’a des gens qui ont mangé avec toi, où sont-ils aujourd’hui ? Ce sont tes jeunes qui sont là, qui se sont levés pour te soutenir, on est avec toi.

Entre ceux qui ont organisé la marche et les jets de cailloux sur l’ambassade de France, le sit-in devant l’Ambassade des Etats-Unis et ceux qui sont à l’origine des barrières, ceux qui tiennent des meetings pour mobiliser les jeunes et faire d’eux des patriotes ce n’est pas les idées qui manquent. Jusque-là, tout ce beau monde manœuvrait de son côté évitant de marcher sur les plates-bandes de l’autre. Mais ce qui devait arriver arriva : Dans un Communiqué daté du 09 Janvier 2013 le COCORA ( Coalition Contre les Rebellions Armées) s’en prend à Steve Yambété un Lieutenant de l’armée et membre de l’église de Bozize, l’un de ceux qui font partie de la classe bourgeoise de l’armée du régime Bozize qui aurait demandé aux jeunes de ne pas réduire le nombre de barrières comme le proposait le Coordonnateur de COCORA et que désormais il les prendrait en charge personnellement. Usurpation, scandale, les barrières c’était leur initiative entérinée par l’adresse à la nation du Chef de l’état. La place d’un Lieutenant est au front pour défendre sa patrie continue le communiqué de presse.

Au-delà des individus ce sont les Associations qui ont pris le relais, et comme une association chez nous vit de financements et subventions et que chacun doit aussi manger… Hop, les marches deviennent le nouveau gagne-pain de la population.

La jeunesse centrafricaine est au centre d’un enjeu majeur. Cette jeunesse saura-t-elle relever tous les défis qui sont les siens ? Sa maturité et son sens de responsabilité sont mis à l’épreuve, peut- elle assurer ? Entre ceux qui vendraient leur âmes au diable pour protéger leurs intérêts et ceux qui se livrent à toutes les abominations pour réclamer leur part de gâteau, la jeunesse saura-t-elle se mettre au dessus de la mêlée ? Qu’elle le veuille où non cette jeunesse a sa partition non-négligeable à jouer…Mais fera-t-elle musique ? Cette jeunesse enrôlée, dotée d’armes, de chanvres et bernée par quelques beaux discours, la voilà transformée en desperado, pilleurs, violeurs, chairs à canons, boucliers humains, marionnettes à qui on télécommande des actions criminelles.

On a vu une partie de cette jeunesse lâchée dans la nature avec des armes blanche la nuit qui menace, vole et insulte ses compatriotes. On a vu une partie de cette jeunesse s’en prendre à des personnes de race blanche, s’en prendre à leur compatriotes et à certaines communautés juste après certaines allégations. On a écouté et vu des choses horribles ces derniers jours. Que dire des évènements qui se déroulent en Centrafrique ? Qu’est ce qui se cache derrière tous ces mouvements ? Que mijotent ces personnes qui mobilisent des jeunes affamés, leur achètent du café et leur demandent d’ériger des barrières ? Quand des machettes sont distribuées et certaines communautés pointées du doigt. Quel message est-on en train de transmettre ? Quand des membres de certaines ethnies sont kidnappés, arrêtés à l’insu du parquet pour des destinations inconnu…On est en droit de se demander si certaines personnes préparent un Rwanda bis un scénario à la Côte d’ivoire? Bain de sang, règlements de compte, Bangui à sac serait un scénario envisageable au cas où Bangui serait attaqué ? Pendant que se tiennent les pourparlers de Libreville où les belligérants iront discuter de leurs intérêts et parts de gâteau, l’avenir de ces jeunes, le sort des victimes, les jeunes qu’on a utilisé font ils partie des préoccupations de tout ce beau monde champion de beaux discours ? Pas besoin d’aller à l’école pour comprendre que la jeunesse est le cadet des soucis des débateurs de Libreville. Cette minorité de la jeunesse qui ne s’est pas encore prostituée pour des miettes, qui n’a pas encore trempé dans la course à sa part de gâteau a intérêt à se lever comme un seul homme pour montrer un autre visage de la jeunesse centrafricaine. Dire non aux coups d’états, génocide, règlement de compte, désordre, pillage, etc …Oui, nous pouvons dire non, sans casser, brûler, piller, violer et j’en passe…y’a intérêt, il y va de notre avenir…

Partagez

Commentaires