François Hollande déroulera t-il le tapis rouge aux dictateurs africains ?

15 juillet 2012

François Hollande déroulera t-il le tapis rouge aux dictateurs africains ?

Il convient « que les Africains eux-mêmes puissent organiser le soutien au Mali », a déclaré M. Hollande lors de l’interview télévisée du 14 juillet, anniversaire de la prise de la Bastille en 1789.

« Nous devons apporter toute notre solidarité au Conseil de sécurité, il y a une résolution qui permet justement de faire cette intervention avec le soutien de l’ONU », a poursuivi M. Hollande…

Depuis son investiture plus d’un africain se demande ce que réserve le Président François Hollande aux peuples africains. Tout le monde ayant encore en mémoire cette sortie de Nicolas Sarkozy le 28 Mai 2008 au Cap en Afrique du Sud :

« La France veut refonder ses relations avec l’Afrique. Elle ne veut pas être en Afrique pour perpétuer sous d’autres formes, des rapports inégaux qui appartiennent à un passé révolu. La relation entre la France et l’Afrique ne peut plus être fondée sur des accords et sur des politiques qui sont des survivances d’une époque où le monde était bien différent de ce qu’il est aujourd’hui. »

On a cru un instant que l’Afrique avait enfin trouvé le chef d’état français qu’il fallait, celui décidé à mettre fin à cette France qui tire les ficèles en Afrique, à la main mise de la France dans les décisions engageant la destinée des pays africains, à l’ingérence de la France dans les affaires intérieures des états africains, à cette France qui utilise les leaders africains comme des marionnettes pour servir ses intérêts au grand dam de leur populations… Grosse erreur, les actions qui ont suivi parlent d’elles mêmes et il n’a pas fallu bien longtemps pour se rendre à l’évidence, les choses n’ont pas changé.

Il y’a deux ans à l’arrière, le 14 juillet 2010, Nicolas Sarkozy invite ses amis, chefs d’états africains à un diné pour la même commémoration. La tête des invités de Sarkozy me rappelle une histoire. Une franc-parler totalement différent des conventionnels et sempiternels discours diplomatiques. Ecoutons plutôt, c’est le capitaine Thomas Sankara qui parle « Dans notre chant de la victoire, notre hymne national, ceux là qui portent l’entière responsabilité ici en Afrique, nous les appelons les valets locaux. Parce que soumis à un maitre, ils exécutaient ici sans comprendre des actes, des ordres qui allaient contre leur peuple. (…) C’est dans ce contexte, Monsieur François Mitterrand, que nous n’avons pas compris comment des bandits comme Jonas Savimbi, des tueurs comme Pieter Botha, ont eu le droit de parcourir la France si belle et si propre. Ils l’ont tachée de leurs mains et de leurs pieds couverts de sang. Et tous ceux qui leur ont permis de poser ces actes en porteront l’entière responsabilité ici et ailleurs, aujourd’hui et toujours ».

Ensuite, voilà la réponse du President François Mitterrand : « là où il semble que nous nous séparons c’est lorsque vous condamnez le passage en France de M. Botha et celui de M. Savimbi. Mais, M. le président, je tiens à vous le dire : La France est un pays ouvert ! Qui que ce soit au monde, sauf s’il est coupable de crimes de droit commun, en dehors de toutes appréciations politiques, s’il veut venir en France, il peut y venir ! Le problème essentiel ne se situe pas là. Le problème essentiel se pose lorsque les personnalités étrangères qui viennent sur le sol de la France demandent qu’il leur soit réservé un accueil officiel, un accueil reconnaissant ce qu’ils sont et la politique qu’ils font. Nous nous sommes toujours opposés à cela. (…)

Revenons aux hôtes de Sarkozy. Inutile de les citer un à un, à quelques exceptions près, notamment Amani Toumani Touré du Mali et Ali Ben Bongo élu suite à une élection trop controversée et contestée, la quasi-totalité des invités de Sarkozy sont arrivés au pouvoir dans leur pays à la faveur d’un coup d’état et jusque-là gagnent systématiquement toutes les élections qu’ils organisent. Ils resteront sans doute au pouvoir aussi longtemps qu’ils préserveront les intérêts français dans leur pays, et si à leur mort ils sont restés fideles, ils verront leur fils leur succéder sur le trône. Ce ne sont pas les exemples qui manquent en Afrique francophone : Omar Bongo, Gnasingbé Eyadema… Quelque-soit les raisons qu’on voudrait mettre en avant pour justifier ceci ou cela, moi ce qui me gêne c’est quand une grande démocratie comme la France déroule le tapis rouge à des gens qui ont les mains couvertes de sang, qui ont tué pour prendre le pouvoir et qui martyrisent leurs populations.

Le cas Centrafricain : On croyait que l’opération barracuda, qui a porté au pouvoir le président David Dacko était d’une autre époque, mais c’est avec un pincement au cœur qu’on constate que c’était depuis la France que le porté disparu Charles Massi ravitaillait ses troupes qui assassinaient d’innocents centrafricains. L’actuel locataire du palais de la renaissance aussi vivait en France quand ses troupes progressaient vers Bangui pour prendre le pouvoir à Ange Felix Patassé. Pour ne citer que ces cas là, les rebellions sont souvent utilisées comme des moyens de pressions entretenus par des puissances invisibles pour préserver des intérêts égoïstes…

François Hollande déroulera t-il le tapis rouge à ces ex-rebelles devenus Présidents et qui gagnent par l’opération du saint esprit toutes les élections qu’ils organisent? Wait and see !!!

Partagez

Commentaires