Justice populaire

29 octobre 2010

Justice populaire

Au voleur, attrapez-le ! Au voleur, attrapez-le ! La scène est classique à Bangui, si vous écoutez ce cri la nuit, osez sortir de votre maison et voilà à peu près ce à quoi vous assisterez: Une filature acharnée ; à la tête du peloton un homme filant comme une flèche lancée par des bras herculéens, poursuivi par une bande de braillards «Hommes, femmes, adolescents armés de gourdins, pierres ou machettes et un seul refrain aux lèvres »

-Au voleur, attrapez-le !Place de la reconciliation

C’est un cri bien connu à Bangui ainsi que sur l’ensemble du territoire centrafricain. Dès qu’on l’écoute dans un coin de cette vaste cité placée par le bon Dieu en plein cœur de l’Afrique, les réactions ne se font jamais attendre. Ce cri déclenche pour ainsi dire toujours une course poursuite folle qui  fini presque toujours par un lynchage. Et de mémoire des valeureux habitants de ce pays, les cas de vol ne se sont jamais réglés autrement que de cette manière. C’est une coutume qui remonte dans la nuit des temps, un voleur est un sorcier et Dieu sait que la société n’a besoin ni de l’un ni de l’autre. Massacrer un sorcier ou un voleur n’a jamais été un crime, cela personne ne vous dira le contraire. A un moment de l’histoire du pays de Bokassa1er cette coutume avait même tacitement acquit force de loi, on a commencé par couper les bras des voleurs dans les commissariats, puis ce fut au tour de leurs oreilles de subir les mutilations. Ensuite quand il fallait adopter la démocratie, on a pensé que les policiers ne devaient plus s’occuper de cette besogne. Seulement  la justice populaire est  toujours là, souveraine pour frapper et éradiquer ce mal qui gangrène la société.

Une fois le voleur attrapé, il est généralement entouré par une horde d’enragés qui discutent son sort :

–Attendez, attendez amenons-le à la police vont tenter de s’interposer quelques modérés.

-Quoi ? La police ? S’emporteront les zélés, ils vont le mettre au frais pendant un bout de temps et le relâcheront c’est là qu’il viendra te voler pour te remercier.

De toutes les façons vont renchérir certains, on n’aura pas le temps d’arriver au poste de police que les gens rencontrés en cours de route lui auront fait sa fête, alors pourquoi ne le faisons pas nous-mêmes ? Comme s’il n’y’a que des femmelettes ici…Sur ce, c’est un nouveau refrain qui va s’élever dans la foule : Tuons-le, tuons le ! Les uns proposeront de lui faire boire du ciment et de le laisser partir, les autres de lui planter des clous dans la tête. Mais ce sont les « passeurs à tabac » qui auront le dessus. Quand ils finiront de l’achever, ils le laisseront là, inerte et si ses parents ont assez de courage pour venir chercher le corps en douce tant mieux. Sinon ce sont les forces de l’ordre qui débarrasseront le quartier du corps qu’elles feront enterrer par des prisonniers. Et fin de l’histoire…

Cela s’est encore passé  hier dans le 4e arrondissement de Bangui, cette fois c’est un homme d’une trentaine d’année suspecté de vol et lynché  mortellement par la population du quartier Fouh dans le 4e Arrondissement de Bangui. Abandonné sur les lieux par les justiciers populaires, la victime qui serait père de deux enfants a été récupérée clandestinement par les membres de sa famille ce matin selon la mairie du 4e Arrondissement.

Mais entre nous, de celui qui vole pour survivre et des gens qui le massacrent parce qu’il les dépouille de leur strict nécessaire qui est le bourreau et qui est la victime ? Franchement…

Partagez

Commentaires

pamela
Répondre

sa fai froi o do d'imaginer commen ces personnes son tué mm si j'approuve pa ce kil fon,mais je pense ke ya mieu comme manière pr les punir,aprè le gro problème reste a faire sortir 7 manière de réagir de la tète de ceux ki attrape les voleurs!!!!!!

Miranda
Répondre

il est impérieux de laisser la police s'en occuper, le sort réservé à ces personnes me fait mal au cœur même s'ils fautifs.

julia
Répondre

tres bien dit,si seulement on pourai t'enttendre. il y a vraiment trop de violence.ben c tres important de laisser la justice s'en occuper

virginia
Répondre

cela ne changera jamais donc on fera avec moi je dis tout simplement qu'ils méritent ce qui leur arrive s'ils ont vraiment volés dans le cas contraire c'est dommage s'ils ont été accusés à tord.la justice populaire existera toujours car on est dans un monde ou l'on ne fait plus confiance à la police qui par la plus part du temps corrompue.même si on livre ses voleurs à la justice il y'a bien de chance qu'ils se font libérer, torturer à mort par les policiers ou encore crever en prison en attendant un procès.
désolé d'être sévère ou quoi encore mais je dis ce que je pense

Julien M.
Répondre

Effectivemment c'est vraiment triste.

Et sur la dernière question, je me demande si le bourreau n'est pas tout simplement la misère?

KOURSANY
Répondre

Rien que le titre est assez évocateur. Justice populaire ou encore mieux la justice du peuple. Elle est souvent utilisée dans des cas pareils, ce qui atteste si besoin en était que d'énormes efforts doivent être fait pour tenter d'enlever de la tête des Centrafricains ce comportement pour le moins barbare mais qui pourrait être "compris" puisque l'impunité souvent reconnue à des criminels du genre pousse le peuple à se faire justice soi-même. Ceci étant, nous sommes un pays dit de droit et les règles qui gouvernent notre Cité nous obligent à régler nos différends dans la légalité même s'il est évident que dans ce pays, la justice n'a jamais été juste et qu'elle n'est pas prête à l'être. Pour autant que cela soit vrai, il est aussi important que les autorités politiques de ce pays essaient tant bien que mal de créer les conditions pouvant permettre au peuple de faire confiance aux institutions chargées de traiter des questions du genre sinon, ce sera toujours le statu quo. C'est quand même bien vu et c'est aussi le devoir des médias de se saisir de cette situation pour sensibiliser les populations à ne plus agir de cette sorte mais toujours est-il que le chemin sera long et parsemé d'embuches mais pas impossible. La charité bien ordonnée commençant par soi-même , tu devras mon pote en faire ton souci premier et même sur les ondes, ce sera ta contribution à la promotion d'une société juste en Centrafrique. Désolé d'être long mais le sujet est palpitant et interessant à plus d'un titre...

Fleury

Boukari Ouédraogo
Répondre

Beaucoup de personnes pensent comme Virgina. Certains me disent souvent que c'est parce qu'ils m'ont pas encore volé que j'ai pitié d'eux. Domage